(actualisé tout du long)

par Pavel Polityuk

LVIV, Ukraine (Reuters) - Le siège subi par la ville de Marioupol est un acte de terreur dont on se souviendra dans les siècles à venir, a déclaré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelenski, tandis que les autorités de la ville du sud-est ukrainien accusent la Russie de déporter les civils.

"La semaine dernière, plusieurs milliers d'habitants de Marioupol ont été déportés vers le territoire russe", a affirmé le conseil municipal sur sa boucle Telegram.

Des agences de presse russes ont de leur côté rapporté que des autocars avaient déplacé plusieurs centaines de réfugiés.

La majorité des 400.000 habitants de Marioupol sont piégés depuis le début de l'offensive de l'armée russe qui vise à s'emparer de l'ensemble de la bande littorale bordant la mer d'Azov.

La Russie affirme que son "opération spéciale" en Ukraine vise à démilitariser et "dénazifier" le pays, que Vladimir Poutine présente comme un Etat artificiel. Kyiv et ses alliés occidentaux accusent Moscou de vouloir soumettre son voisin et lui imposer un gouvernement à sa botte.

Selon Oleksy Arestovich, conseiller du président Zelenski, la situation militaires est restée globalement inchangée en 24 heures avec un front "pratiquement gelé".

MARIOUPOL TOUJOURS SOUS LES BOMBES

A Marioupol, toutefois, l'offensive ne faiblit pas et la ville est dévastée par des bombardements qui ont réduit à l'état de ruines bon nombre de bâtiments, détruit les infrastructures de distribution d'eau et de courant.

Selon les autorités locales, des sauveteurs s'efforçaient dimanche de retrouver des survivants dans le théâtre visé mercredi par des frappes aériennes que la Russie dément avoir conduites.

Le conseil municipal a par ailleurs annoncé qu'une autre frappe avait visé une école d'art dans laquelle s'était réfugiés 400 civils, sans fournir de bilan humain.

Commentant la situation à Marioupol, Volodymyr Zelenski a dénoncé un crime de guerre. "Se comporter ainsi avec une ville pacifique constitue un acte de terreur dont on se souviendra pendant des siècles", a-t-il dit dans la nuit de samedi à dimanche tout en réclamant de nouveaux pourparlers avec la Russie.

Le ministère russe de la Défense a annoncé que des missiles de croisière ont été tirés par des vaisseaux stationnés dans la mer Noire et que plusieurs missiles hypersoniques ont une nouvelle fois été utilisés depuis l'espace aérien de la Crimée.

Se déplaçant à une vitesse 5 fois supérieure à celle du son, ces missiles sont si rapides et facilement manoeuvrables qu'ils sont extrêmement difficiles à intercepter.

10 MILLIONS DE DEPLACES

Selon Interfax, ils ont été utilisés samedi pour la première fois en Ukraine lors d'une frappe qui visait, selon Moscou, un important arsenal militaire souterrain.

La vice-Première ministre, Irina Verechtchouk a annoncé l'ouverture de sept corridors humanitaires afin de permettre aux civils d'évacuer les zones de combat.

Selon un bilan dressé par le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, au moins 902 civils ont péri en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, mais le bilan est vraisemblablement beaucoup plus élevé, prévient l'agence de l'Onu.

Au total, dix millions de personnes ont fui les zones de combats, dont 3,4 millions qui ont quitté le pays, estime de son côté le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Côté russe, les pertes sont lourdes quoique difficiles à documenter. Près de Kyiv de longues colonnes de véhicules militaires sont bloqués depuis des jours et peinent à avancer dans les faubourgs de la capitale.

Selon les autorités ukrainiennes, l'armée russe a perdu 14.700 soldats, morts ou blessés, et 476 chars.

Moscou ne communique de son côté aucun bilan depuis que les autorités ont admis le 2 mars dernier la mort de près de 500 soldats.

Reuters n'est en mesure de confirmer ni les estimations de l'Ukraine ni celles de la Russie.

La présidence ukrainienne a par ailleurs fait savoir dimanche qu'elle redoutait l'ouverture d'un nouveau front dans l'ouest du pays qui pourrait être envahi à partir de la Biélorussie.

Si le président biélorusse Alexandre Loukachenko revendique et affiche sa proximité avec son homologue russe Vladimir Poutine, il ne s'est pour l'instant pas engagé à fournir des troupes pour soutenir l'effort militaire de Moscou.

Le soutien pourrait venir de Syrie où des force paramilitaires ont fait part de leur volonté de participer au combat.

(Rédactions de Reuters; version française Nicolas Delame)