* Des manifestations dans plus de 70 départements

* Les éleveurs réclament une hausse du prix du lait

* Dialogue de sourds avec la grande distribution (Actualisé avec manifestations, déclarations, contexte)

PARIS, 12 avril (Reuters) - Plusieurs centaines d'éleveurs ont manifesté vendredi en France pour réclamer des mesures d'urgence, notamment une revalorisation du prix du lait, face à la hausse de leurs charges et en l'absence d'accord avec la grande distribution.

Ces manifestations ont été organisées dans 70 départements à l'appel de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, premier syndicat agricole de France, et des Jeunes Agriculteurs, selon la FNSEA.

Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, était dans le département de la Loire aux côtés d'éleveurs pour appeler à "la bataille de l'élevage" face à la grande distribution et à sa "guerre des prix".

Les producteurs de lait demandent à répercuter la hausse des prix de l'alimentation animale, due à la flambée des cours des céréales, mais leurs négociations avec les enseignes de la grande distribution ont tourné au dialogue de sourds.

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a promis vendredi des "mesures transitoires".

"S'il faut prendre des mesures transitoires, on les prendra, mais ce qui est important, c'est les réformes structurelles, pour que ça ne se reproduise pas à chaque hausse de coût des matières premières", a-t-il déclaré sur RTL.

MOINS QUE LE SMIC

"La question, a-t-il poursuivi, c'est 'Est-ce que c'est la grande distribution qui fait la loi ou est-ce qu'il y a un équilibre économique entre les coûts de la production, les prix à la distribution, les marges arrières?'".

"Il faut arrêter de prendre les producteurs pour des vaches à lait", a-t-il lancé.

Le chef du gouvernement a souhaité que les négociations avec la grande distribution reprennent.

"Le gouvernement n'a pas énormément de marges des manoeuvre, il ne peut pas se substituer à la négociation tarifaire", a souligné sur i>télé Gilles Psalmon, directeur de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).

Le directeur de la FNPL a insisté sur l'urgence de la situation, estimant que des mesures législatives prendraient trop de temps. "Ça fait au moins six mois qu'on tire la sonnette d'alarme".

"Aujourd'hui, nous avons un prix du lait qui est autour de 31-32 centimes par litre et on a une hausse de charges de l'ordre de 3-4 centimes par litre" avec une marge d'environ trois centimes, a-t-il rappelé.

Une situation intenable pour nombre d'éleveurs, qui craignent de "finir sur la paille". Ils réclament une hausse de trois centimes sur le litre de lait, notamment.

"Il suffirait d'augmenter le prix du lait et de la viande de quelques centimes, imperceptibles pour le consommateur, pour que nous nous en sortions", a déclaré à Reuters Jérôme Crozat, producteur de lait et de céréales et vice-président de la FDSEA de l'Isère, qui manifestait à Lyon.

"Si nous calculons au taux horaire, nous gagnons moins que le smic, ce n'est pas normal". (Sophie Louet avec Catherine Lagrange à Lyon, édité par Yves Clarisse)