PARIS (Reuters) - Wall Street devrait tenter un rebond lundi après sa pire semaine depuis près de quatre mois, une perspective qui a permis aux Bourses européennes de regagner du terrain après la forte baisse du début du séance, même si les investisseurs restent préoccupés par le nouveau discours de la Réserve fédérale sur les taux d'intérêt et l'inflation.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en hausse de 0,61% pour le Dow Jones, de 0,45% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,45% pour le Nasdaq.

L'indice de volatilité du CBOE recule de près de 3% après un pic ce quatre semaines vendredi.

À Paris, le CAC 40 gagne 0,22% à 6.583,55 points à 11h00 GMT après avoir cédé jusqu'à 0,87%. A Londres, le FTSE 100 prend 0,2% et à Francfort, le Dax avance de 0,67%.

L'indice EuroStoxx 50 est en hausse de 0,46%, le FTSEurofirst 300 de 0,38% et le Stoxx 600 de 0,29%.

Après la surprise du changement de ton adopté par la Fed mercredi à l'issue de sa réunion de politique monétaire, les marchés ont été secoués vendredi par les propos de James Bullard, le président de la Fed de St. Louis, favorable à une hausse de taux dès 2022 pour freiner une inflation qui risque selon lui d'être durablement élevée.

Ses déclarations ont fait chuter Wall Street, le S&P-500 cédant 1,31% sur la journée et 1,94% sur la semaine, sa plus mauvaise performance hebdomadaire depuis février.

"Les investisseurs continuent de digérer le virage engagé par la Fed, réduisant leur exposition aux actifs plus risqués tout en attendant plus d'indices sur un calendrier de réduction du programme d'achats massifs d'obligations en cours", résume Pierre Veyret, analyste technique d'ActivTrades.

Plusieurs responsables de la banque centrale américaine doivent s'exprimer publiquement au cours des jours à venir, dont son président, Jerome Powell, mardi au Congrès.

Dans l'immédiat, c'est la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, qui pourrait animer la fin de séance en Europe à l'occasion de son audition au Parlement européen à partir de 14h15 GMT.

VALEURS EN EUROPE

Les secteurs cycliques affichent les meilleures performances du jour, ,à l'instar de l'automobile (+1,45%) ou des matières premières (+0,51%). A l'opposé, le compartiment des banques cède 0,54%, toujours pénalisé par des prises de profit.

A Paris, Air Liquide (+2,52%) profite du relèvement de la recommandation de J.P. Morgan à "surpondérer".

La hausse la plus spectaculaire du jour est pour l'enseigne britannique de supermarchés Morrison, dont le titre s'envole de 31,69% après le rejet d'une offre de rachat non sollicité du groupe de capital-investissement Clayton, Dubilier & Rice.

TAUX

Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans recule de deux points de base à 1,438% après être tombé à 1,354%, son plus bas niveau depuis fin février, un mouvement en apparence paradoxal au vu de l'attitude de la Fed mais qui s'explique, selon certains analystes, par une réévaluation de l'inflation à long terme et par la sensibilité plus forte des rendements courts.

Sur la courbe des rendements américains, l'écart entre les échéances deux et 30 ans a atteint son plus bas niveau depuis fin janvier.

Sur le marché européen, le rendement du Bund à dix ans est pratiquement inchangé à -0,195% et le taux d'inflation "à cinq ans dans cinq ans", baromètre des anticipations d'évolution des prix en zone euro, est tombé à 1,4912%, au plus bas depuis trois mois.

CHANGES Le dollar marque le pas face aux autres grandes devises (-0,19%) après un bond de 1,84% sur l'ensemble de la semaine dernière, sa meilleure performance hebdomadaire depuis septembre dernier.

L'euro remonte ainsi tout près de 1,19 dollar après avoir chuté vendredi à 1,1845, son plus bas niveau depuis le 6 avril.

Le bitcoin chute par ailleurs de 9,31% à 32275,20 dollars, plombé par les dernières annonces de Pékin visant à encadrer plus strictement le secteur des cryptomonnaies, du "minage" aux transactions financières.

PÉTROLE

Le marché pétrolier profite simultanément du repli du dollar, de la perspective d'une demande soutenue pendant la saison estivale de l'hémisphère nord et de l'interruption des discussions sur le nucléaire iranien.

Le Brent gagne 0,12% à 73,60 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 0,18% à 71,77 dollars.

(Édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand