LONDRES (Reuters) - Le Premier ministre britannique Boris Johnson et son Parti conservateur ont subi vendredi deux lourdes défaites lors d'élections parlementaires partielles, entraînant la démission du chef de file des Tories et relançant les spéculations sur le sort du chef du gouvernement, déjà confronté à une série de crises.

Un candidat des Libéraux-Démocrates s'est largement imposé dans la circonscription de Tiverton and Honiton, fief conservateur dans le Devon (sud-ouest) et à Wakefield, près de Leeds (nord), un candidat du Labour a reconquis, avec une solide majorité, un siège ravi par les Tories en décembre 2019.

Boris Johnson, actuellement au Rwanda pour un sommet du Commonwealth, a promis d'entendre les inquiétudes des électeurs et de faire davantage face à la baisse du pouvoir d'achats après les résultats "sévères" de ces deux élections partielles.

"Il est indéniable que nous avons eu des résultats sévères à ces élections partielles (...) Je pense qu'en tant que chef du gouvernement, je dois entendre le message des électeurs", a-t-il déclaré à la presse à Kigali.

"Nous devons admettre que nous devons faire davantage (...) nous continuerons à répondre aux inquiétudes des gens jusqu'à ce que nous ayons surmonté cette période difficile", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre est déjà fragilisé depuis plusieurs mois par le scandale dit du "Partygate" des fêtes organisées à Downing Street pendant les confinements, ainsi que par les préoccupations des Britanniques face à la flambée des prix alimentaires et énergétiques.

Ces revers électoraux affaiblissent encore sa position et pourraient étendre la fronde à son encontre dans son propre camp.

Boris Johnson a remporté au début du mois un vote de confiance des députés de son Parti conservateur mais n'a recueilli le soutien que de 59% d'entre eux, alors qu'il était auparavant considéré comme intouchable après avoir porté les conservateurs en 2019 à une victoire électorale sans précédent en plus de trois décennies.

FRONDE RENAISSANTE

Nouveau signe de cette fragilisation, le chef de file du Parti conservateur, Oliver Dowden, a présenté vendredi sa démission dans le sillage des résultats des deux élections partielles, suggérant que Boris Johnson devrait lui aussi prendre ses responsabilités dans ces défaites électorales.

"Les élections partielles d'hier (jeudi-NDLR) sont les dernières d'une série de revers électoraux pour notre parti. Nos partisans sont perturbés et déçus (...) et je partage ce sentiment", a écrit Oliver Dowden dans sa lettre de démission adressée à Boris Johnson.

"Nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n'était. Quelqu'un doit prendre ses responsabilités et j'ai conclu que, dans ces circonstances, il ne serait pas approprié pour moi de rester à mon poste en ces circonstances", ajoute cet allié de longue date du Premier ministre.

Plusieurs élus conservateurs ont manifesté sur Twitter leur soutien à Oliver Dowden en précisant qu'il n'était pas responsable de ces défaites électorales, suggérant que la fronde contre Boris Johnson pourrait reprendre de l'élan.

Selon les statuts du parti conservateur, Boris Johnson ne peut pas être soumis à un nouveau vote de confiance pendant un an, mais les élus craignant pour leur siège pourraient décider de raccourcir ce délai pour organiser un nouveau vote.

Cette procédure pourrait cependant prendre du temps et une autre voie pour pousser Boris Johnson vers la sortie avant les élections programmées en 2024 nécessiterait des démissions en série de membres de son cabinet ou de ministres de premier plan de son gouvernement.

Pour les partis d'opposition, les résultats de ces législatives partielles sont le signe de la perte d'influence des conservateurs.

"Si les élus conservateurs ne se réveillent pas, les électeurs vont les renvoyer chez eux au prochain scrutin", a jugé le chef de file des LibDem, Ed Davey.

De son côté, le patron du Labour, Keir Starmer, a jugé dans un communiqué que la victoire du candidat travailliste à Wakefield "démontre que le pays a perdu toute confiance à l'égard des Tories. Il ressort clairement de ce résultat que les électeurs jugent que le Parti conservateur n'a plus ni énergie ni idées".

Ces élections législatives partielles avaient été organisées après la démission de deux parlementaires issus des rangs du Parti conservateur, l'un ayant admis avoir regardé une vidéo pornographique en plein débats à la Chambre des communes et l'autre ayant été reconnu coupable d'agression sexuelle sur mineur.

(Avec la contribution d'Andrew MacAskill à Kigali; version française Myriam Rivet, édité par Kate Entringer)

par Alistair Smout