(Actualisé avec sondages de sortie des urnes)

par Niklas Pollard, Simon Johnson et Johan Ahlander

STOCKHOLM, 11 septembre (Reuters) - Le centre-gauche s'achemine vers une courte victoire aux élections législatives de dimanche en Suède, selon deux sondages de sortie des urnes, ce qui pourrait assurer à la Première ministre sortante Magdalena Andersson un nouveau mandat.

Le scrutin a été cependant également marqué par une progression du parti des Démocrates de Suède (SD), nationaliste et anti-immigration, qui pourrait devenir le deuxième parti représenté au Parlement avec quelque 20% des suffrages exprimés.

Le bloc de centre-gauche emmené par les sociaux-démocrates recueillerait 49,8% des voix contre 49,2% à l'alliance des partis de droite, selon la chaîne publique SVT, 50,6% des suffrages contre 48,0% d'après la chaîne privée TV4, .

Selon les projections de SVT, le centre-gauche obtiendrait une majorité de 176 sièges au Riksdag, le Parlement monocaméral suédois qui compte 349 élus, soit un siège seulement de plus que la majorité absolue. Les partis de droite obtiendraient quant à eux un total de 173 sièges.

Ces pronostics restent à manier avec prudence car il n'est pas rare en Suède que le résultat définitif des élections soit assez éloigné des sondages de sortie des urnes.

"Le sondage de sortie des urnes de SVT s'est révélé exact à chaque fois", nuance toutefois Mikael Gilljam, professeur de sciences politiques à l'Université de Göteborg. "On ne sait pas si ce sera encore le cas mais si je devais parier, ce serait pour la gauche."

LONGUES NÉGOCIATIONS EN PERSPECTIVE

La campagne a été dominée par des thèmes porteurs pour la droite et l'extrême droite : la hausse de la criminalité, avec une "guerre des gangs" qui a fait plus de 40 morts depuis le début de l'année, la flambée inflationniste et la crise énergétique liée au conflit en Ukraine.

Fait inédit, les conservateurs, dans l'opposition depuis huit ans, se sont dits prêts à gouverner avec l'appui du SD de Jimmie Akesson, jusqu'ici marginalisé sur la scène politique.

Selon le sondage de la chaîne SVT, la formation d'extrême droite fondée par des néo-nazis et suprémacistes blancs en 1988, que Jimmie Akesson s'est employé à "normaliser" depuis qu'il en a pris les rênes en 2005, recueillerait 20,5% des voix, contre 17,5% lors des précédentes élections de 2018.

Les sociaux-démocrates au pouvoir recueilleraient quant à eux 29,3% des suffrages, selon SVT, 29,7% selon TV4, soit mieux qu'il y a quatre ans (28,3%).

"Mon message est clair : durant la pandémie (de COVID-19), nous avons soutenu les entreprises et les ménages suédois. Je continuerai à agir en ce sens si vous me renouvelez votre confiance", a déclaré Magdalena Andersson, en fonction depuis novembre 2021 après avoir été ministre des Finances.

La droite, dans l'opposition depuis huit ans, a quant à elle promis de remettre la Suède "sur la bonne voie".

"Nous donnerons la priorité au respect de la loi et de l'ordre, au travail et au développement d'une énergie nucléaire" en phase avec la lutte contre le réchauffement climatique, a assuré dans une vidéo le chef de file du parti conservateur des Modérés, Ulf Kristersson.

Quelle que soit l'issue du scrutin, les négociations en vue de la formation d'un gouvernement s'annoncent une nouvelle fois longues et difficiles.

Magdalena Andersson aura besoin de l'appui des Verts, du parti de Gauche et du parti du Centre pour être reconduite à la tête du gouvernement. Ulf Kristersson s'est de son côté engagé à gouverner avec le petit parti chrétien-démocrate et les Libéraux, en s'appuyant sur le soutien parlementaire du SD.

Lors des précédentes élections législatives, en 2018, de longues négociations avaient déjà précédé la formation d'un gouvernement minoritaire emmené par les sociaux-démocrates.

La Suède, qui est engagée dans un processus d'adhésion à l'Otan, présidera l'Union européenne à compter du 1er janvier. (Version française Sophie Louet et Jean-Stéphane Brosse)