Avec les mesures de confinement instaurées dans de nombreux pays pour tenter d'enrayer la propagation du virus, les chaînes d'approvisionnement sont pénalisées par les restrictions dans les échanges internationaux et les mises en quarantaine, qui s'ajoutent à la diminution du fret aérien, ainsi que des transports terrestres et maritimes.

A l'inverse de nombreuses matières premières, le café a vu ses cours progresser, sur fond de forte demande et de prévisions d'un approvisionnement dont la baisse déjà entamée devrait s'accentuer avec la propagation du virus.

Les futures sur le café arabica sont jusqu'ici restées positives en mars, alors que celles sur le pétrole ont chuté de 50% et que le Dow Jones a plongé de 15%.

"Nous avons eu des demandes d'acheteurs dans tous les grands pays - Etats-Unis, Japon, Allemagne", a déclaré le responsable de l'un des principaux exportateurs de café brésilien, sous couvert d'anonymat. "En gros, tous les principaux torréfacteurs du monde. Ils veulent recevoir les fèves rapidement, juste au cas où."

"Les torréfacteurs et les négociants font des stocks parce qu'ils anticipent des ruptures d'approvisionnement, selon un négociant basé à Londres, qui précise qu'il a déjà "certaines (commandes) qu'il ne peut pas honorer."

La fédération brésilienne des exportateurs de café Cecafe a précisé que les expéditions se déroulaient normalement pour l'instant. L'organisation a cependant souligné que les transporteurs maritimes avaient mis en garde contre perturbations dans les prochains mois, quand le Brésil sera en plein milieu de la récolte la plus importante de son histoire, estimée à 70 millions de sacs selon des analystes indépendants.

Au-delà de la désorganisation attendue des chaînes d'approvisionnement, la crise sanitaire en cours pourrait pénaliser la période de récolte à venir dans plusieurs pays producteurs, faute de main d'oeuvre.

"La récolte devrait commencer fin avril-début mai et nous devons nous préparer à ce que les mesures de confinement (décrétées la semaine dernière) soient prolongées au-delà du 13 avril, ce qui est fort probable", a expliqué Roberto Velez, président de la fédération des producteurs de café colombiens.

Même si les planteurs et leurs employeurs sont dispensés de cette obligation de confinement, transférer et héberger quelque 150.000 travailleurs dans des conditions sanitaires suffisantes sera difficile, a-t-il estimé, en précisant qu'il sera également compliqué de traiter les fèves de café et de les expédier.

Si les cours du café atteignaient un record historique selon Roberto Velez, "cela sera au prix de problèmes logistiques, avec le coronavirus et la peur."

(Version française Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame)

par Marcelo Teixeira, Maytaal Angel et Julia Symmes Cobb