par Dan Wilchins

Agé aujourd'hui de 59 ans, Bennett avait fait de Refco un empire du courtage de matières premières avant de déposer le bilan en 2005 après la découverte d'une colossale fraude comptable.

La juge en charge du dossier lui a ordonné de ne pas quitter son domicile du New Jersey jusqu'à son incarcération le 4 septembre. Une fois sa peine purgée, il sera expulsé vers la Grande-Bretagne, son pays natal.

"Vous avez essayé de faire de Refco un succès mais ce succès était en grande partie un trompe-l'oeil", a dit la juge Buchwald.

Bennett avait plaidé en coupable en février des 20 chefs d'accusation portés contre lui, qui incluaient pêle-mêle la fraude, l'association de malfaiteurs, le blanchiment d'argent et la communication d'informations mensongères aux commissaires aux comptes.

Devenu un temps milliardaire en dollars lorsque son groupe était à son apogée, il doit voir tous ses biens confisqués après sa condamnation.

Il a exprimé des regrets jeudi après sa condamnation.

"Pendant ces 33 mois (depuis le dépôt de bilan), j'en suis venu à réaliser qu'en dépit des meilleures intentions, j'avais commis une erreur de jugement inacceptable et terrible", a-t-il dit.

DES PEINES DE PLUS EN PLUS LOURDES

L'accusation lui avait reproché d'avoir orchestré les fraudes sur une durée totale de huit ans.

A l'origine des montages frauduleux se trouvent des prêts à des clients devenus irrécupérables à la fin des années 1990. Bennett avait alors monté des transactions fictives pour sortir ces créances douteuses du bilan de Refco à la fin de chaque période de bouclage des comptes, afin de les dissimuler.

Il avait ensuite élaboré d'autres manoeuvres pour cacher la détérioration de la trésorerie du groupe.

Mais la révélation en octobre 2005 de l'existence de 430 millions de dollars de créances douteuses avait fait fuir les clients, conduisant le groupe au dépôt de bilan.

La peine infligée à Bennett est comparable à celles décidées ces dernières années dans d'autres dossiers de faillites frauduleuses: Bernard Ebbers, ex-directeur général de l'opérateur de télécommunications WorldCom, purge ainsi une peine de 25 ans de prison après la chute retentissante de son groupe. Quant à John Rigas, fondateur du câblo-opérateur Adelphia, il a été condamné en appel à 12 ans de prison tandis que son fils Timothy - ex-directeur financier - a écopé de 17 ans.

Les peines infligées dans ce type de dossiers se sont nettement alourdies ces dernières années. A titre de comparaison, le gérant vedette Michael Milken n'avait été incarcéré que 22 mois dans les années 1990 pour fraude boursière.

Le dossier Refco n'est pas encore définitivement clos, les jugements concernant deux autres anciens dirigeants et un avocat du groupe n'ayant pas encore été rendus.

Version française Marc Angrand