Paris (awp/afp) - Les investisseurs délaissaient les actions et tous les actifs financiers risqués jeudi, échaudés par les chiffres de l'inflation aux États-Unis qui ravivent les craintes d'une récession dans les économies occidentales.

Les marchés européens, qui avaient bien accueilli en première lecture l'indicateur de l'inflation aux États-Unis CPI mercredi, faisaient machine arrière. Paris (-1,93%), Francfort (-1,82%), Milan (-1,52%) et Londres -1,97% effaçaient une grande partie des gains de la veille vers 14H00 GMT. A Zurich, le SMI cédait 0,62%.

Wall Street, qui avait terminé en baisse mercredi, restait dans le rouge lors des premiers échanges. Le Dow Jones cédait 0,72%, le S&P500 1,10%, le Nasdaq 1,40%.

Pétrole, cryptomonnaies souffraient aussi de l'aversion au risque généralisé, alors que le dollar et les obligations d'État, perçus comme des valeurs refuges, étaient recherchés.

"Le pic d'inflation, tant attendu par les économistes et la Réserve Fédérale américaine, n'est pas encore arrivé. La tendance de fond en Bourse est toujours négative", écrit Christopher Dembik, responsable recherche et stratégie pour la Saxo Bank.

Mercredi, l'indice des prix à la consommation CPI a été publié en hausse de 8,3% sur un an en avril, moins qu'en mars (8,5%), mais plus qu'attendu par les analystes.

Jeudi, l'indice des prix à la production PPI a suivi la même tendance: en baisse par rapport à mars sur un an (11% contre 11,5%), mais supérieur aux prévisions.

Cette surchauffe risque d'inciter les banques centrales à accélérer le rythme envisagé de leur tour de vis monétaire, ce qui pourrait avoir un effet plus pénalisant sur la croissance économique.

Ce climat poussait les investisseurs vers le marché obligataire, ce qui faisait baisser les taux (les rendements évoluent en sens inverse de leur prix). Le taux d'intérêt pour le 10 ans américain baissait à 2,85% vers 13H55 GMT, loin des 3,20% atteint en début de semaine.

En Europe, les taux souverains allemands, français et italien à même échéance reculaient aussi nettement.

Le dollar encore plus fort, "carnage crypto" en cours ___

Les faibles perspectives de croissance et la volonté de la Réserve fédérale américaine de durcir sa politique monétaire renforçaient le dollar, qui a atteint son plus haut niveau face à l'euro depuis cinq ans.

L'euro reculait de 1,06% face au billet vert, à 1,0401 dollar.

Le prix du bitcoin, qui a sombré jusqu'à 25.424 dollars, revenait à 28.090 dollars (-0,99%) jeudi. Il a perdu 60% depuis son sommet historique en novembre, l'ensemble du marché des cryptomonnaies ayant subi une cure d'amaigrissement similaire.

Les difficultés des "stablecoins" (cryptomonnaies stables) affectaient également la confiance des investisseurs dans le secteur.

Les matières premières souffrent, tensions sur le gaz ___

Les prix du pétrole étaient lestés jeudi par les craintes sur la demande en or noir en raison de l'inflation galopante, pendant que le gaz naturel bondissait après des nouvelles de perturbations de l'approvisionnement venant de Russie.

Vers 13H10 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet perdait 0,23% à 106,77 dollars et le WTI américain pour livraison en juin baissait de 0,69% à 105,50 dollars.

Les inquiétudes sur la croissance plombaient aussi les métaux, avec la tonne de cuivre sous les 9.000 dollars, au plus bas depuis octobre.

En revanche, la référence du marché du gaz naturel européen, le TTF néerlandais, prenait 11,70%, évoluant à 105 euros le mégawattheure (MWh) après avoir touché les 115,00 euros le MWh.

Les télécoms en soutien ___

Le groupe de télécoms espagnol Telefonica (+3,26%) a confirmé ses objectifs pour 2022 après avoir engrangé 706 millions d'euros de profits au premier trimestre. Il échappait au marasme des indices européens, comme Deutsche Telecom (+2,07%), ou BT Group (+2,64%).

Le groupe de construction Bouygues, qui compte aussi une branche télécom, se repliait en revanche de 0,96% après ses résultats.

Apple encore en difficulté ___

Détrôné de son rang de première capitalisation boursière mondiale mercredi aux dépens du groupe pétrolier Saudi Aramco, Apple perdait encore 4,23% à 140,31 dollars jeudi. Le titre s'échangeait à 182 dollars début janvier.

afp/rp