Paris (awp/afp) - Les Bourses européennes baissent fortement lundi, gagnées de nouveau par les inquiétudes sur les risques de contagion dans le secteur bancaire mondial après des faillites aux Etats-Unis ces derniers jours.

Les places européennes ont ouvert proches de l'équilibre après l'annonce de mesures exceptionnelles des marchés américains mais ont ensuite décroché: Paris reculait de 2,33%, Francfort de 2,41%, après avoir perdu plus de 3%, et Londres de 2,01% vers 09H50 GMT (10H50 HEC). Milan chutait même de 4,18%.

En Asie, la Bourse de Tokyo a perdu 1,11% mais Shanghai a gagné 1,20% et Hong Kong 1,95%.

"On avait oublié à quel point le système bancaire repose sur la confiance", confie à l'AFP Lionel Melka, associé de Swann Capital.

La confiance dans les banques régionales américaines semble brisée après trois faillites ces derniers jours, dont celle de la Silicon Valley Bank. "Seules les grandes banques paraissent sûres", poursuit-il.

Les autorités américaines ont pris plusieurs mesures durant le week-end pour tenter d'endiguer la défiance dans le système bancaire américain et d'éviter des retraits massifs des dépôts pouvant fragiliser encore plus ces établissements.

Parmi les mesures annoncées dimanche, les autorités vont notamment garantir le retrait de l'intégralité des dépôts de la banque en faillite Silicon Valley Bank (SVB).

La Réserve fédérale américaine (Fed) s'est également engagée à prêter les fonds nécessaires à d'autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.

"Ce n'est pas un sauvetage fédéral mais cela apporte des garanties" afin de permettre "de trouver des repreneurs rapidement", explique Alexandre Baradez, analyste d'IG.

Il souligne l'existence d'"une phase de stress" sur les marchés même si la situation reste, selon lui, éloignée de 2007.

Rouge vif pour les banques

Au supplice vendredi, les banques européennes chutaient de nouveau lundi, avec un mouvement encore plus marqué pour les banques perçues comme moins solides: Credit Suisse (-9,90%) a touché un nouveau point bas historique et Commerzbank a chuté de 12% tandis que BNP Paribas lâchait 5,29% et Société Générale 5%.

HSBC, qui perdait 3,58%, a annoncé lundi matin racheter la branche britannique de SVB pour une livre sterling, ce qui permet aux clients d'"accéder à leurs dépôts et leurs services bancaires normalement".

Nouvelle donne pour la Fed?

Cette crise dans le secteur bancaire "change la donne sur les attentes de la Fed", souligne Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank.

Les hausses brutales des taux d'intérêt depuis un an afin de lutter contre l'inflation ont participé à fragiliser les banques et à ralentir l'activité économique.

Les derniers évènements pourraient convaincre les banquiers centraux américains de ralentir la cadence lors de leur prochaine réunion les 21 et 22 mars.

Alors que les investisseurs envisageaient en majorité un retour à une forte hausse des taux directeurs, de 0,5 point de pourcentage, cette option semble désormais écartée.

Les taux souverains chutaient sur le marché obligataire lundi. Le taux d'intérêt pour l'emprunt à 10 ans américain était de 3,50%, contre 3,70 vendredi à la clôture tandis que le taux allemand à même échéance se négociait à 2,21% contre 2,50% vendredi à la clôture.

Le dollar reculait face aux autres monnaies: l'euro reprenait 0,27% à 1,0672 dollar et la livre 0,45% à 1,2085 dollars vers 09H45 GMT.

Le bitcoin rebondissait de 2,43% à 22.010 dollars, effaçant une bonne partie des pertes qui avaient suivi l'annonce des difficultés de SVB.

Entrée plein gaz pour Adnoc

L'action de la compagnie gazière émiratie Adnoc Gas a bondi de 25% lors des premiers échanges pour son entrée en Bourse à Abou Dhabi. L'opération lui a permis de lever plus de 2,3 milliards d'euros pour la mise en circulation de seulement 5% de son capital.

Par ailleurs, le géant pétrolier saoudien Aramco (+0,46%) a annoncé dimanche des bénéfices records en 2022, à hauteur de 161,1 milliards de dollars, grâce à l'envolée des cours du brut.

Les cours du pétrole reculaient: le baril de Brent valait 81,24 dollars (-1,99%) et le WTI américain 75,15 dollars (-1,86%) vers 09H35 GMT.

afp/buc