Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers pliaient jeudi sous le coup d'une inflation persistante qui renforce les craintes d'un durcissement monétaire plus offensif aux Etats-Unis et d'un ralentissement de la croissance économique, voire d'une récession.

L'aversion au risque était manifeste en Europe sur les places de Paris (-2,26%), Francfort (-2,02%), Milan (-1,44%) et Londres, qui perdait 2,09% vers 11H45 GMT après le repli du produit intérieur brut britannique en mars. A Zurich, le SMI cédait 1,69%.

De son côté, Wall Street s'apprêtait à prolonger son recul de la veille, les contrats à terme des trois principaux indices américains affichant des pertes comprises entre 0,38% pour le Dow Jones et de 1,38% pour le Nasdaq avant l'ouverture.

En Asie, le rouge a dominé aussi après l'annonce d'un ralentissement moins marqué que prévu de l'inflation aux Etats-Unis le mois dernier.

"Le pic d'inflation, tant attendu par les économistes et la Réserve Fédérale américaine, n'est pas encore arrivé. La tendance de fond en bourse est toujours négative", écrit Christopher Dembik, responsable recherche et stratégie pour la Saxo Bank.

Les investisseurs réalisent que l'inflation persistante pourrait inciter la Réserve fédérale américaine à un resserrement monétaire plus marqué ces prochains mois, d'autant que plusieurs banquiers centraux considèrent que le moment est venu de passer à la vitesse supérieure pour freiner l'inflation.

La Banque centrale européenne prépare de son côté le terrain à une hausse des taux d'intérêt en juillet.

La puissante détente des taux souverains cette semaine (le taux d'intérêt à 10 ans américain étant loin de la barre des 3%, dépassée lundi) laisse supposer "que le marché de la dette souveraine devient moins préoccupé par l'inflation que par un ralentissement de l'économie mondiale", observe Michael Hewson, analyste pour CMC Markets.

Les cryptos sous pression et sous surveillance ___

La vague d'aversion pour le risque se traduisait non seulement par un engouement pour le marché obligataire mais permettait aussi au dollar de tirer son épingle du jeu, tandis qu'elle contribuait de peser lourdement sur le bitcoin.

L'euro reculait de 1,02% face au billet vert, à 1,0407 dollar.

Le prix du bitcoin, qui a sombré jusqu'à 25.424 dollars dans la nuit de mercredi à jeudi, évoluait autour des 27.000 dollars vers 11H30 GMT, en baisse de 30% sur un mois et à des niveaux plus vus depuis décembre 2020.

Le bitcoin a perdu 60% depuis son sommet historique en novembre dernier, et la totalité du marché des cryptomonnaies ne représente plus de 1.200 milliards de dollars, contre plus de 3.000 milliards à son plus haut.

Les difficultés des "stablecoins" (cryptomonnaies stables) affectaient la confiance des investisseurs dans le secteur.

Les cours du pétrole restent volatils ___

Après avoir grimpé en flèche de près de 5% la veille, les prix du pétrole étaient en repli, lestés par les craintes qui pèsent sur la demande en or noir en raison de l'inflation galopante, aggravée par la guerre en Ukraine.

Vers 11H30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet perdait 1,22% à 106,20 dollars.

Le baril de WTI américain pour livraison en juin baissait de 1,18% à 104,46 dollars.

L'incertitude au sujet "de l'échéance d'un embargo de l'Union européenne sur les importations de pétrole russe" contribue à cette "agitation" des cours du brut, selon Michael Hewson.

Siemens se retire de la Russie ___

Le conglomérat allemand Siemens, un des plus grands groupes industriels européens, a annoncé jeudi son retrait complet de Russie alors que des charges liées aux sanctions occidentales pèsent sur ses résultats. L'action plongeait de 4,47% à Francfort vers 11H30 GMT.

La seconde banque allemande Commerzbank (-2,04%) a indiqué pour sa part que sa filiale russe n'était pas en vente, en marge de ses résultats.

Objectifs confirmés pour Allianz et Telefonica ___

Le géant de l'assurance Allianz (-3,09%) a fait état jeudi d'un bénéfice net au premier trimestre en fort recul, tout en confirmant son objectif annuel. Le groupe de télécoms espagnol Telefonica (+4,64%) a lui aussi confirmé ses objectifs pour 2022 après avoir engrangé 706 millions d'euros de profits au premier trimestre.

afp/rp