Zurich (awp) - La Banque cantonale du Tessin (BancaStato) a bouclé les six premiers mois de 2022 sur des résultats en baisse, et ce nonobstant une progression dans la plupart de ses lignes de métier. La direction de l'établissement explique lundi ce repli par des effets macroéconomiques et géopolitiques, disant s'attendre à une évolution similaire pour la seconde moitié de l'exercice.

"Dans un contexte de marché aussi difficile pour l'économie mondiale, il est important de se concentrer sur l'évolution de nos activités bancaires principales, et à cet égard nous sommes très satisfaits des résultats réalisés et de la confiance toujours plus grande de la part de la clientèle, qui a généré la croissance de volumes enregistrée", s'est réjoui le directeur général (CEO) Fabrizio Cieslakiewicz, cité dans un communiqué.

Les produits d'exploitation ont connu une légère contraction (-1,8%) à 119,2 millions de francs suisses. Cette dernière est due exclusivement aux moins-values sur le portefeuille de titres du groupe, qui a essuyé une perte de 6,0 millions, contre un gain de 1,7 million au premier semestre 2021.

Bourses, taux et Ukraine

BancaStato insiste toutefois sur le fait que ces dépréciations, attribuées essentiellement aux turbulences boursières, à la hausse des taux d'intérêts et aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine, ne représentent pas des "pertes effectivement réalisées".

Principal poste de revenus de la banque, le résultat net des opérations sur intérêts a crû de 5,3% en rythme annuel, à 82,5 millions de francs suisses, porté par la hausse des crédit hypothécaires qui se sont enrobés de 1,6% par rapport au bouclement de 2021, à 11,26 milliards. Les commissions et services ont généré 31,7 millions (+1,7%) et les activités de négoce 11,0 millions (+9,3%).

Les charges d'exploitation ont pris un peu d'embonpoint (+1,0%) débouchant sur un résultat opérationnel de 43,0 millions, en recul de 7,6%, alors que le bénéfice net est ressorti à 34,2 millions, soit 8,7% de moins que sur la même période douze mois plus tôt.

La masse sous gestion (AuM) se montait fin juin à 20,38 milliard de francs suisses, en repli de 1,5% au regard de fin décembre, et ce malgré un afflux net de capitaux de 945 millions, qualifié de "remarquable".

Pour la suite des opérations, le CEO de BancaStato estime qu'au vu du contexte, il est difficile de brosser des prévisions, mais estime que "les activités principales devraient connaître la même évolution au second semestre qu'au premier".

Ralentissement du marché hypothécaire

Interrogé par AWP sur l'évolution attendue du portefeuille de titres, M. Cieslakiewicz a souligné une "approche basée sur la prudence et le long terme, de manière à mieux absorber les particularités de moments historiques comme ceux que nous vivons" et s'attend à une revalorisation "au fil du temps".

Revenant sur le léger ralentissement de la croissance des volumes hypothécaires observé au premier semestre, le patron de BancaStato souligne le recours plus fréquent à des solutions basées sur le taux Saron ou à taux fixe à court terme.

Il fait cependant remarquer qu'en plus de la hausse des taux hypothécaires, "les acheteurs de biens immobiliers sont actuellement confrontés à un fort renchérissement des matières premières, et souvent à des retards dans leur disponibilité", des éléments supplémentaires à prendre en compte dans la planification financière.

Suite au relèvement de taux décidé par la Banque nationale suisse (BNS) en juin, l'établissement cantonal renoncera dès septembre au prélèvement sur les avoirs disponibles. La mesure n'était d'ailleurs pas appliquée à la clientèle "traditionnelle", mais essentiellement à des clients institutionnels disposant de grandes quantités de liquidités déposées, souligne M. Cieslakiewicz.

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