Londres (awp/afp) - L'activité du secteur privé au Royaume-Uni a encore lourdement chuté en mai, mais moins qu'en avril, en raison du confinement décidé pour freiner la pandémie, ce qui augure d'une forte récession puis d'une reprise très lente.

L'indice PMI des directeurs d'achat des entreprises (service et industrie manufacturière) a atteint 28,9 points ce mois-ci selon une première estimation dite "flash" publiée jeudi par le cabinet IHS Markit.

C'est légèrement mieux qu'en avril (13,8 points), où avait été enregistré un plus bas depuis 1998 et le début de la compilation de ces données.

L'activité progresse lorsque le PMI dépasse 50 points et se contracte en dessous de ce seuil.

Markit précise que l'économie connaît un choc bien plus violent qu'au plus fort de la crise financière internationale de 2008.

Le plongeon de l'activité s'explique comme le mois précédent par la fermeture d'entreprises du fait du confinement qui a débuté dans le pays le 23 mars, l'annulation de commandes et une demande à l'arrêt.

"L'appel gouvernemental le 13 mai à retourner au travail si on ne peut exercer de chez soi a probablement aidé la production", signale Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics.

Le PMI dans le secteur manufacturier s'est un peu redressé à 40,6 (contre 32,6 en avril) grâce à notamment à la fabrication de produits sanitaires et au redémarrage d'entreprises dans la construction.

Dans les services, secteur qui représente la majorité de l'économie britannique, le PMI a atteint 27,8 (contre 13,4 le mois précédent), profitant en partie de la croissance de l'activité dans les services technologiques et les ventes en ligne.

L'enquête montre par ailleurs que les attentes des entreprises dans leur ensemble pour les 12 prochains mois s'améliorent un peu mais elles s'inquiètent du fait que la demande des clients mettra longtemps avant de revenir à la normale.

Reprise en années, pas en mois

Les économistes sont de plus en plus convaincus qu'il sera impossible d'avoir une reprise en V, soit une chute suivie d'un rapide rebond, compte tenu des dégâts profonds de la pandémie et des changements d'habitudes qu'elles provoquent pour les entreprises et les consommateurs.

"Le Royaume-Uni ne connaîtra qu'une désespérément lente reprise, étant donné que la réouverture de l'économie sera très progressive", prévient Chris Williamson, économiste chez Markit.

Il s'attend à un effondrement de 20% du produit intérieur brut au deuxième trimestre et à une chute de près de 12% en 2020. "La reprise se mesurera en années et pas en mois", avertit-il.

Déjà, le ministre des Finances Rishi Sunak avait tempéré cette semaine les espoirs d'un rebond rapide de l'économie et s'était inquiété des dégâts de long terme si la récession dure.

L'organisme public de prévisions budgétaires OBR prévoit pour sa part une chute de 13% du PIB en 2020 et un taux de chômage à 10% d'ici le deuxième trimestre, avant de reculer sous 6% d'ici la fin 2021.

"En attendant que les confinements soient entièrement levés, les indicateurs nous disent peu de choses si ce n'est que les économies ne tournent qu'à une faible part de leur capacité, ce qui peut se constater simplement en mettant le nez dehors", résume Chris Beauchamp, analyste chez IG.

afp/rp