par Marc Angrand

Les principales Bourses européennes reculent en début de séance jeudi avant les décisions de la Banque centrale européenne (BCE), un rendez-vous clé qui incite aux prises de bénéfice après la progression soutenue des séances précédentes.

A Paris, le CAC 40, qui a repris plus de 17% en trois semaines, perd 0,09% à 5.018,00 points à 08h00 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 0,32% et à Francfort, le Dax recule de 0,16%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,12%, le FTSEurofirst 300 de 0,52% et le Stoxx 600 de 0,28%.

Ce dernier affichait à la clôture de mercredi un rebond de 15% depuis le 14 mai qui lui avait permis de retrouver son niveau du 6 mars.

La BCE doit annoncer à 11h45 GMT les décisions de son Conseil des gouverneurs, qui devraient inclure une augmentation de plusieurs centaines de milliards d'euros de ses achats de titres sur les marchés.

Sa présidente, Christine Lagarde, commentera ces décisions à partir de 12h30 GMT lors d'une conférence de presse pendant laquelle elle dévoilera aussi de nouvelles prévisions de croissance et d'inflation.

"Il reste à savoir si la BCE répondra aux (hautes) attentes des investisseurs et ne sera pas échaudée par la décision le mois dernier de la Cour de justice allemande remettant en cause la légitimité de sa politique monétaire et notamment de son programme d'assouplissement quantitatif", note Guillaume Dejean, analyste de marché chez Western Union.

De son côté, le gouvernement allemand a annoncé que les partis membres de la coalition avaient conclu un accord sur un plan de relance de 130 milliards d'euros, qui prévoit entre autres une baisse temporaire de la TVA sur de nombreux produits.

Côté américain, si les manifestations contre les violences policières et le racisme se poursuivent, les violences ont nettement diminué et les investisseurs continuent de s'intéresser avant tout aux indicateurs économiques: ils surveilleront à 12h30 GMT les chiffres hebdomadaires des inscriptions au chômage, à la veille de la publication du rapport mensuel sur l'emploi.

VALEURS

Les prises de bénéfice affectent logiquement les secteurs qui avaient le plus bénéficié de la hausse des derniers jours, comme l'automobile, dont l'indice Stoxx recule de 2,12%, les banques (-1,24%) ou l'assurance (-1,41%).

Les spécialistes de l'immobilier commercial, qui avaient profité à plein de la reprise progressive de l'activité dans plusieurs pays, souffrent: Hammerson perd 9,91%, Unibail-Rodamco-Westfield 3,94%, Klépierre 2,9%.

A Francfort, les constructeurs automobiles accusent le coup de l'absence de prime à l'achat pour les véhicules 100% thermiques dans le plan de relance gouvernemental allemand: Volkswagen, Daimler et BMW cèdent entre 1,2% et 4,2%.

A la hausse, Rémy Cointreau gagne 6,98%, la meilleure performance du Stoxx 600, après avoir relevé sa prévision de chiffre d'affaires pour le trimestre en cours en évoquant une évolution "plus favorable" de la consommation de spiritueux aux Etats-Unis.

EN ASIE

A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a fini en hausse de 0,36% et inscrit sa meilleure clôture depuis le 21 février, profitant des espoirs de rebond de l'économie et de la faiblesse du yen.

En Chine, le SSE Composite de Shanghai abandonne 0,14% en clôture sur fon de tensions avec les Etats-Unis au sujet de Hong Kong, Washington ayant interdit aux compagnies aériennes chinoises de desservir les Etats-Unis pour le transport de passagers à partir du 16 juin.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les principaux indices américains préfigurent une ouverture en légère baisse après la forte hausse de mercredi: l'indice Dow Jones a gagné 2,05% à 26.269,89 points, le S&P-500 a pris 1,36% à 3.122,87 et le Nasdaq Composite a progressé de 0,78% à 9.682,91.

L'amélioration de la conjoncture économique, principal moteur de la hausse, a été illustrée notamment par les résultats meilleurs qu'attendu de l'enquête mensuelle d'ADP sur l'emploi dans le secteur privé aux Etats-Unis.

TAUX

Les rendements obligataires de la zone euro sont pratiquement inchangés dans l'attente des décisions de la BCE, à -0,354% pour le Bund allemand à dix ans et 0,009% pour son équivalent français.

Ce dernier n'a pas réagi aux déclarations du ministre de l'Action et des Comptes publics français, Gérald Darmanin, selon lesquelles le déficit public de la France devrait atteindre 11,4% du produit intérieur brut (PIB) cette année, un niveau sans précédent.

Le rendement à dix ans américain recule d'un peu plus d'un point de base à 0,7492%.

CHANGES

L'euro cède un peu de terrain face au dollar avant les annonces de la BCE mais reste proche du seuil de 1,12, franchi mercredi pour la première fois depuis la mi-mars.

L'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, regagne quant à lui 0,29% après avoir cédé près de 2,6% en sept séances.

Quant au yen, il a inscrit un plus bas de deux mois face au dollar à 109,10 et de quatre mois et demi face à l'euro à 122,625.

PÉTROLE

Le marché pétrolier recule, rattrapé par les doutes sur la capacité des grands pays producteurs (hors Etats-Unis) à s'accorder pour prolonger les réductions de production. Si l'Arabie saoudite et la Russie se sont entendues, l'absence de consensus plus large a en effet empêché la tenue ce jeudi d'une réunion du groupe informel "Opep+".

Le Brent abandonne 1,63% à 39,14 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 2% à 36,51 dollars.

(Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)