Milan (awp/afp) - Le groupe européen ArcelorMittal devra continuer de gérer le site sidérurgique d'Ilva à Tarente (sud) jusqu'en mai 2020, quand la justice italienne se prononcera sur sa demande d'annulation de son rachat, a indiqué un responsable industriel local mercredi.

Les syndicats avaient alerté plus tôt sur le risque qu'ArcelorMittal ait déjà commencé à stopper la production d'acier de la plus grande usine européenne du secteur.

"ArcelorMittal continuera de gérer l'ex-usine Ilva jusqu'en mai prochain, date où le tribunal de Milan prendra sa décision" sur la légitimité du retrait de l'industriel anglo-indien Lakshmi Mittal, a indiqué le président de l'organisation patronale Confindustria Taranto Antonio Marinaro.

C'est la patronne d'ArcelorMittal Italie, Lucia Morselli, qui l'a assuré au président de la région Pouilles Michele Emiliano, a précisé M. Marinaro après avoir été informé par téléphone par ce dernier.

ArcelorMittal a annoncé le 4 novembre sa volonté d'annuler son rachat des usines Ilva, en Italie, et notamment du site de Tarente dans les Pouilles, provoquant une onde de choc en raison des craintes pour l'emploi. Le groupe a déposé officiellement une requête pour se retirer du site au tribunal de Milan qui a fait savoir qu'il examinerait cette requête en mai 2020.

Dans l'intervalle, Mme "Morselli a garanti a Emiliano que les factures arrivées à échéance seront payées, (en expliquant) que le blocage des règlements est lié à une série de contrôles faits par ArcelorMittal, qui a changé de dirigeants" en Italie.

Un haut responsable du géant mondial avait précisé la semaine dernière que les commissaires extraordinaires de l'ex-Ilva allaient devoir en reprendre la gestion "le 4 décembre ou avant". En effet, le groupe avait fixé un délai de 30 jours pour obtenir une réponse à sa demande d'annulation de son rachat. Mais la décision du tribunal de Milan repousse, de facto, l'échéance.

Sur le terrain, à Tarente, les syndicats s'inquiètent cependant, car des équipements sont déjà à l'arrêt et ils estiment que le site va rapidement manquer de matières premières.

"Tout fonctionne au régime minimum, la prochaine étape c'est la fermeture", a affirmé à la presse un des responsables du syndicat Fim Cisl (centre), Biagio Prisciano.

"Les matières premières n'arrivent plus, ArcelorMittal a interrompu les débarquements", a souligné de son côté Francesco Brigati, du syndicat Fiom Cgil (gauche).

Pour lui, si le site devait retourner sous la gestion des commissaires extraordinaires, "il n'y aurait plus rien à faire, puisqu'il faudrait plus d'un mois pour obtenir la matière première nécessaire au fonctionnement des installations".

Le Fiom Cgil a demandé au gouvernement d'accélérer les procédures "pour empêcher la multinationale de laisser les installations avec des dommages irréversibles".

ArcelorMittal "est en train de fermer le site de Tarente et ainsi personne ne le reprendra parce que, pour remettre en marche les hauts-fourneaux 1, 2 et 4, et le coke nécessaire, il faut 700 millions d'euros", a dénoncé le secrétaire général du syndicat de la métallurgie Uilm, Rocco Palombella.

Pour le ministre italien du Développement économique, Stefano Patuanelli, l'objectif d'ArcelorMittal en achetant Ilva fin 2018, était dès le départ d'"éteindre le plus grand site sidérurgique d'Europe", pour réduire la concurrence.

ArcelorMittal a invoqué de son côté le retrait de la protection légale contre des poursuites liées à l'environnement -- le site de Tarente étant extrêmement pollué -- ainsi que des décisions de justice impliquant une mise en sécurité d'un haut-fourneau, ce qui va conduire, selon lui, à sa fermeture puis à celle des deux autres.

afp/rp