Zurich (awp) - Aryzta a continué de voir ses revenus se tasser au premier trimestre de l'exercice décalé 2018/19. Sur la période sous revue, achevée fin octobre, le boulanger industriel zurichois a dégagé un chiffre d'affaires de 862,3 millions d'euros, en baisse de 5,2% sur un an. A la surprise générale, les revenus ont en revanche légèrement progressé hors effets de changes et désinvestissement.

Dans un communiqué diffusé lundi, Aryzta explique le repli des ventes du fait des cessions, en particulier celles de Cloverhill et La Rousse Foods, lesquelles ont contribué à une contraction des revenus de 5,3%, ainsi que des effets de change (-0,2%). Après s'être redressée suite à plusieurs trimestres de baisse à 0,5% au quatrième partiel de l'exercice précédent, la croissance organique s'est pour sa part fixée à 0,3% entre août et octobre.

L'accroissement des ventes hors effets de change et désinvestissements a essentiellement reposé sur l'Europe, le Vieux continent affichant une hausse de 2%. Reste qu'en tenant compte de ces deux facteurs les revenus ont diminué de 1,1% à 430,4 millions d'euros (482,3 millions de francs suisses).

En Amérique du Nord, le chiffre d'affaires a chuté de 10,4% à 367 millions d'euros. La croissance organique s'est par contre révélée positive à 2,8%. Pour le reste du monde, région contribuant à moins de 10% de l'ensemble des revenus du groupe, les ventes ont fléchi de 0,1% à 65 millions. En termes organiques, elles y ont cependant bondi de 7,7%.

Bien mieux qu'attendu

Les activités du groupe Aryzta sont en voie de stabilisation dans le nord du continent américain, a noté Kevin Toland, le directeur général d'Aryzta, lors d'une conférence téléphonique. Mais jusqu'à ce que les mesures entreprises dans la région portent pleinement leurs fruits, il va encore falloir du temps, les conditions de marché demeurant difficiles. L'entreprise est notamment confrontée à une hausse des salaires.

Pour faire face à ces difficultés, elle mise sur l'automation des processus, dans laquelle elle compte investir près de deux tiers des 150 millions d'euros des sommes prévues pour les trois prochaines années. La direction espère ainsi parvenir à son objectif annoncé d'économies de 90 millions sur sa base de coûts à l'horizon 2020/21, dont 40 millions pour le seul marché américain.

Quand bien même en net repli, la performance s'est révélée nettement supérieure aux attentes des analystes. Sondés par l'agence AWP, ces derniers avaient anticipé un chiffre d'affaires trimestriel moyen de 846 millions d'euros (948 millions de francs suisses). En termes organiques, les experts attendaient un repli des ventes de 1,2% en moyenne.

Alors que l'évolution des revenus a correspondu aux attentes de la direction du groupe établi à Zurich, celle-ci table sur une performance stable sur l'ensemble de l'exercice 2018/19 à la faveur notamment des premiers effet du projet "Renew". Le résultat d'exploitation avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) devrait afficher une croissance entre 5 et 9%, à périmètre de consolidation comparable et hors effets de change.

Investisseurs rassurés

Les investisseurs ont apparemment été rassurés par les chiffres dévoilés par Aryzta. Après s'être envolé de 7,4% à l'ouverture, la nominative a atteint 1,37 franc en cours de séance. Elle a clôturé en hausse de 11,2% à 1,35 franc, dans un SPI en progression de 0,89%.

Dans leurs commentaires, les analystes ont tout particulièrement salué la confirmation des perspectives en matière de rentabilité pour l'ensemble de l'exercice décalé 2018/19, alors qu'Aryzta a affiché des ventes trimestrielles supérieures à leurs attentes. Tout en affichant une certaine réserve, les experts estiment que le groupe, désormais recapitalisé, a gagné du temps afin de s'approcher de l'équilibre.

Pour mémoire, le boulanger industriel a vu au début du mois ses actionnaires donner de justesse leur feu vert à une augmentation de capital, laquelle devrait permettre au groupe de renflouer ses finances à hauteur de 900 millions d'euros. Premier propriétaire d'Aryzta, Cobas était opposé à l'opération, le gestionnaire d'actifs espagnol militant en faveur d'une solution alternative, soit un renflouement de 400 millions d'euros accompagné de cessions pour 250 millions, afin d'atténuer l'effet de dilution.

En préambule au vote, le président du conseil d'administration du groupe, Gary McGann avait concédé que la situation de l'entreprise et le contexte de marché avaient été mal évalués. La direction du groupe pensait s'être constituée une base solide pour la poursuite de ses activités et que le marché avait atteint le creux la vague. "Visiblement, nous nous sommes trompés et avons sous-estimé les difficultés", a reconnu le dirigeant.

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