Buenos Aires (awp/afp) - Deux des trois groupes de créanciers qui négocient avec l'Argentine la restructuration de 66 milliards de dollars de dette ont déploré mardi "le manque d'engagement sérieux" de la part de Buenos Aires "pour éviter les conséquences d'un défaut de paiement prolongé".

"Les groupes Ad Hoc et Exchange tiennent à préciser que depuis le 17 juin, il n'y a pas eu de progrès significatif" dans les négociations avec les autorités argentines, ont-ils indiqué dans un communiqué commun. Ils représentent des détenteurs d'obligations d'une valeur de quelque 21 milliards de dollars.

Cette semaine arrive à échéance le paiement d'intérêts pour 600 millions de dollars sur d'autres obligations, à propos desquelles Buenos Aires dispose encore d'un délai de grâce d'un mois avant un nouveau défaut.

"Le manque d'engagement sérieux de la part des autorités argentines est très inquiétant, car le temps presse et les parties doivent faire en sorte d'éviter les conséquences légales et économiques désastreuses d'un défaut de paiement prolongé", ont ajouté les deux groupes de créanciers, parmi lesquels figure le puissant fonds Blackrock.

Ils ont également fait part de leur disposition à réussir un "accord consensuel qui soit viable tant pour l'Argentine que pour les créanciers".

Dans un climat de négociation tendu, l'Argentine a prolongé le 19 juin une nouvelle fois, jusqu'au au 24 juillet, le délai de négociations pour tenter de trouver un accord.

C'est la quatrième prolongation annoncée par le gouvernement du président de centre-gauche Alberto Fernandez depuis le début des négociations le 20 avril.

Les discussions concernent des obligations datant de 2005 et 2010, produits d'une restructuration précédente, ainsi que de nouveaux titres émis à partir de 2016. La première offre rejetée en mai prévoyait un délai de grâce de trois ans et une réduction de 62% des intérêts et de 5,4% du capital.

L'Argentine est en défaut de paiement depuis le 22 mai, date à laquelle était dû le paiement d'intérêts de 500 millions de dollars sur trois émissions d' obligations faisant l'objet des discussions. Malgré le défaut, les négociations continuent.

Mais la marge de manoeuvre du gouvernement est réduite, avec une économie argentine en récession depuis 2018, un taux de pauvreté de 35% et une l'inflation qui a atteint 53% en 2019, sans compter les conséquences de l'épidémie de coronavirus.

afp/rp