La dégradation par Standard & Poor's de la précieuse note triple A de la France, confirmée vendredi par le ministre de l'Economie et des Finances, François Baroin, place à nouveau les banques de l'Hexagone dans une situation difficile. Maintenant que l'agence de notation a extrait la France de sa liste des pays émetteurs les moins risqués, les trois plus grandes banques cotées du pays vont probablement connaître le même sort.

Les banques françaises, qui sont confrontées depuis plusieurs mois à une dégradation des économies et des marchés, ont vu leurs actions plonger depuis le début de l'été. Les investisseurs s'inquiètent de leur exposition à la dette souveraine des économies périphériques de l'Europe. Pour se renforcer, BNP Paribas (BP.FR), la première banque française en termes de capitalisation boursière, Société Générale (>> SOCIETE GENERALE) et Crédit Agricole SA (>> CREDIT AGRICOLE) ont tour à tour annoncé qu'elles allaient réduire leurs effectifs, diminuer la taille de leurs bilans et se désengager de certaines activités.

Les trois établissements ont déjà été placés sous surveillance avec implications négatives par Standard & Poor's au début du mois de décembre.

"Un nouveau déclassement des banques françaises accentuerait les tensions au niveau des financements", observe John Peace, analyste chez Nomura Equity Research. Les banques françaises restent dépendantes des marchés monétaires. Or ces derniers sont sous pression depuis que la crise de la dette souveraine a éclaté en Europe, rendant l'accès aux financements plus difficile et plus coûteux.

Les autres grandes agences de notation financière ont déjà infligé plusieurs déclassements à BNP Paribas, Société Générale et à Crédit Agricole SA. Le 9 décembre, Moody's a dégradé les notes de crédit des trois banques, citant la détérioration des conditions de financement et leur exposition persistante aux dettes souveraines. L'agence d'évaluation financière a également averti que le projet des banques visant à réduire la taille de leur bilan risquait d'être entravé par les conditions de marché défavorables. L'agence a baissé les notes de la dette à long terme de BNP Paribas et de Crédit Agricole à "Aa3", et celle de Société Générale, à "A1". Ces notes sont toutes assorties d'une perspective négative.

Suivant l'exemple de Moody's, l'agence Fitch Ratings a également dégradé les notes de BNP Paribas et de Crédit Agricole à "A+", jugeant leurs modèles d'activité particulièrement sensibles aux défis économiques et réglementaires accrus que doivent affronter les marchés financiers. Fitch a toutefois décidé de maintenir la note "A+" de Société Générale.

Fitch a ensuite placé Société Générale, Groupe BPCE, Banque Postale et Dexia Crédit Local sous perspective négative au lieu de stable. Une décision qui faisait suite au placement sous perspective négative de la dette souveraine de la France par la même agence, quelques jours plus tôt.

De son côté, S&P attribue pour le moment une note "A+" à Société Générale et à Crédit Agricole, et "AA-" à BNP Paribas. Ces notes pourraient toutefois bientôt être revues à la baisse.

Pour les banques contrôlées par l'Etat telles que la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), le déclassement sera automatique. La note "AAA" de la CDC a déjà été placée sous surveillance par S&P en vue d'une éventuelle dégradation.

Certains analystes relativisent l'impact de la perte du triple A français sur les banques du pays. Si un tel déclassement est susceptible de rendre un peu plus difficile l'accès des banques françaises aux financements sur les marchés monétaires, cela ne sera toutefois pas "catastrophique", estime ainsi Pierre Flabbée, analyste chez Kepler Capital Market. "Les marchés ont déjà déclassé la France. Il suffit de regarder les coûts d'emprunt", ajoute-t-il.

-Noémie Bisserbe, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 56

(Version française Maylis Jouaret)

Valeurs citées dans l'article : SOCIETE GENERALE, CREDIT AGRICOLE