Malgré une saison des résultats trimestriels de bonne facture, les places financières ont amorcé un mouvement de correction, après avoir inscrit pour la plupart de nouveaux records fin avril. L’appétit pour le risque s’est dissipé en mai, avec la résurgence des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, contrairement au consensus global qui tablait sur une résolution imminente du conflit et la signature prochaine d’un accord.

Du côté des résultats, les publications trimestrielles sont plutôt rassurantes. Les bénéfices des sociétés du S&P500 ont finalement augmenté de 1,5% au premier trimestre 2019 alors que les analystes anticipaient une baisse de l’ordre de 3% fin mars. Quant aux chiffres d’affaires, ils progressent en moyenne de plus de 5%. Pour les valeurs du CAC40, 78% ont dépassé les attentes concernant les ventes, ces dernières progressant en moyenne de 6%. Les publications trimestrielles ont toutefois été davantage saluées en France qu’aux Etats-Unis, avec notamment le secteur technologique qui s’est distingué (hausse moyenne de 2.6% des titres post publication). Des deux côtés de l’Atlantique, ce sont en revanche, les télécoms et les matériaux de base qui ont été le plus sanctionnés (repli de l’ordre de 3% pour ces deux compartiments au sein du CAC40 et -3.7% pour les télécoms dans le S&P500).

Les opérateurs ont néanmoins procédé à de lourdes prises de bénéfices, après une hausse quasi sans faille des indices depuis fin décembre, avec le retour des tensions commerciales. D. Trump avait jeté le froid sur les marchés, en annonçant le relèvement de 10 à 25% des droits de douane sur quelques 200 milliards de dollars de produits chinois, rétorquant que la Chine était revenue sur bon nombre de ses engagements. La Maison Blanche prévoit par ailleurs de taxer quelques 325 milliards de dollars supplémentaires de produits chinois. La riposte avait été immédiate avec la taxation de 60 milliards de dollars de produits américains. Ce fut ensuite le cas du géant télécom Huawei d’être placée sur liste noire aux Etats-Unis, avec des répercutions possibles sur le secteur technologique. Pékin réplique, menaçant un embargo sur les terres rares et une liste d’entreprises américaines qui ne pourront plus commercer avec la Chine. Puis Washington en remet une couche en s’attaquant aux produits mexicains (taxe de 5% qui sera progressive pour atteindre 25% en octobre), le but étant d’endiguer l’immigration clandestine…

Même si les tensions se sont provisoirement apaisées avec d’autres partenaires (suppression des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium avec le Canada, report de la surtaxe sur les véhicules européens importés aux Etats-Unis), l’escalade des tensions commerciales devrait continuer à focaliser l’attention des opérateurs dans les semaines à venir et engendrer une hausse de la volatilité d’autant qu’elles pèsent lourdement sur les perspectives des sociétés et laissent craindre une brutal ralentissement de la croissance mondial, avec des données macroéconomiques qui se dégradent. L’heure reste donc à la prudence, avec des performances annuelles qui s’amenuisent pour les indices (+9.8% pour le S&P500, +9.2% pour le CAC40, +10.4% pour le DAX ou encore +12.6% pour le Nasdaq100…). Quant à la Chine, le Shanghai Composite engrange encore 16% depuis le premier janvier, mais la moitié de sa performance s’est tout de même évaporée.

Graphiquement, le CAC40 a fortement rebondi depuis son point bas de fin décembre, enregistrant de nouveaux records annuels fin avril, à quelques points de son plus haut de 2018. Dès lors un mouvement de correction s’est rapidement mis en place, avec -6.8% sur le mois de mai. La configuration s’est nettement dégradée en données journalières, à l’image de la moyennes mobile à 20 jours, clairement orientée à la baisse. Sur cet horizon de temps, on notera la formation d’une figure chartiste « épaule-tête-épaule ». L’enfoncement de la zone des 5200 points confirmerait ce mouvement, avec des objectifs baissiers théoriques à 5060 points puis 4960 points. A plus long terme, un retour dans cette zone de cours constituerait une opportunité pour revenir à l’achats à moindre risque.