Il a aussi publié pour le seul premier semestre une perte avant impôts plus forte que prévu, de 9 millions de livres (10,2 millions d'euros), sur un chiffre d'affaires en hausse de 12,1% à 800 millions de livres.

Le titre, très volatil, gagnait 3,21% à 1.044 pence à 10h30 GMT, plus forte hausse de l'indice FTSE 100 qui prenait 0,29% à ce stade. L'action avait perdu jusqu'à 7,5% en début de séance avant de se redresser.

Le groupe britannique a vu sa capitalisation boursière être multipliée par plus de 3,5 depuis un an pour atteindre environ sept milliards de livres après l'annonce de quatre importants partenariats à l'étranger, dont un avec Casino.

Cela lui donne une valorisation supérieure à celle de Morrisons, quatrième chaîne de supermarchés de Grande-Bretagne par le chiffre d'affaires, et permet à ses dirigeants de prétendre à de juteuses primes liées à l'évolution du cours de Bourse.

Avant l'avertissement de mardi, les analystes s'attendaient en moyenne à une perte avant impôts de 16,1 millions de livres pour Ocado en 2018, contre 500.000 livres en 2017.

Fondé par trois anciens banquiers de Goldman Sachs en 2000, Ocado divise les analystes comme peu d'autres entreprises. Certains voient son système de livraison à domicile à partir d'entrepôts géants et fortement automatisés comme l'avenir de la distribution alimentaire tandis que d'autres le perçoivent comme un modèle coûteux et complexe qui ne parviendra jamais à réaliser des bénéfices sur la durée.

De même, les opinions divergent quant au fait de savoir si les accords récemment passés avec de grands distributeurs dans le monde annoncent ou non une série d'autres partenariats du même type.

AMBITION "ÉNORME"

"Nous pensons que l'action est fondamentalement bien valorisée sur la base de la signature d'un accord international par an au cours des 10 prochaines années", dit Sherri Malek, analyste de RBC Europe, dont la recommandation sur le titre est à "performance en ligne".

Le directeur général d'Ocado, Tim Steiner, a prédit que le groupe allait conclure de nouveaux partenariats. "Les opportunités sur le marché sont énormes, comme l'est notre ambition", a-t-il dit.

Le directeur financier, Duncan Tatton-Brown, a pour sa part déclaré à la presse que le groupe, dont les activités consistent aussi à fournir des services aux distributeurs en ligne, investissait "pour créer de la valeur future".

Il a ajouté que les charges sur l'ensemble de l'année liées aux primes versées à la direction s'élèveraient probablement à neuf millions de livres, dont quatre ont été inscrites dans les comptes du premier semestre.

Outre sa perte avant impôts plus élevée que prévu, Ocado a annoncé une baisse de 13,9% de son bénéfice d'exploitation sur les six mois au 3 juin, à 38,9 millions de livres.

Ces deux mesures du résultat traduisent une accélération des investissements.

Ocado avait averti en février que ses bénéfices seraient freinés par ses investissements dans sa plate-forme numérique et ses centres de distribution au Royaume-Uni cette année. Les investissements du groupe sont prévus à 210 millions de livres en 2018 contre 160 millions en 2017.

Ocado a maintenu sa prévision de croissance annuelle du chiffre d'affaires de ses activités dans la distribution dans une fourchette de 10% à 15%. Il s'attend à ce que la tendance concernant son bénéfice d'exploitation dans cette activité s'améliore dans la deuxième partie de l'année, en raison notamment d'une baisse de ses coûts par commande et de l'utilisation de nouvelles capacités dans ses deux centres de distribution les plus récents dans le sud de l'Angleterre et près de Londres.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)

par James Davey