La transformation a été entamée par l'ancien management et finalisée sous la houlette de Michaël Fribourg, dont la société a récupéré en 2015 le bloc de titres appartenant aux familles Seydoux et Malone. A l'époque, la transaction avait été réalisée à 8 euros par action, soit une valeur de 184 millions d'euros pour 100% du capital. Moins de trois ans plus tard, le cours a triplé et la capitalisation boursière de Chargeurs dépasse 560 millions d'euros. Autant dire que le marché a pris acte de la mue.

Une belle acquisition dans un secteur de niche

Le dossier revient ce matin sur le devant de la scène avec a finalisation du rachat de l'américain PCC Interlining, une société qui produit des matériaux de performance et des entoilages techniques destinés au marché de la mode. La transaction a été bouclée plus rapidement que prévu. Conformément à la stratégie mise en place il y a trois ans, le groupe se renforce dans les métiers de niche à marges élevées. PCC, 80 millions de dollars de revenus annuels et une marge opérationnelle à deux chiffres, va renforcer la division "Fashion Technologies" du groupe, qui atteindra en année pleine 200 millions d'euros de chiffre d'affaires et 15 millions d'euros de résultat opérationnel courant. Une brique de plus dans la stratégie de Chargeurs visant à atteindre le milliard d'euros de chiffre d'affaires avant 2022, le double de ce qui a été réalisé en 2015. Avec PCC, les revenus annuels combinés en année pleine vont atteindre 600 millions d'euros.

Des navires aux textiles et films techniques

Mais de quoi Chargeurs est-il le nom ? Plus de la Compagnie de Navigation des Chargeurs Réunis en tout cas, son patronyme initial en 1872. La société n'est plus présente dans le transport maritime depuis le début des années 1980. Nous ne développerons pas ici toutes les étapes de la réorientation du groupe, mais n'hésitez pas à jeter un coup d'œil à son histoire, ça vaut le coup. En un siècle et demi d'existence, la route du groupe a notamment croisé celles de l'Aéropostale, d'Air France, de Pathé, de 'Libération' et même de Silvio Berlusconi.

Désormais, l'entreprise est composée d'un périmètre cohérent et largement internationalisé, puisque 90% des revenus ont été réalisés hors de France. Elle est divisée en quatre branches.
- "Protective Films" est le numéro un mondial de la protection temporaire des surfaces. Il s'agit essentiellement de films plastiques autoadhésifs utilisés dans le BTP, l'industrie et l'électronique pour protéger des matériaux fragiles.
- "Fashion Technologies" était le numéro deux mondial de l'entoilage avant l'acquisition de PCC. L'entoilage sert à la fabrication des vestes, des manteaux, des chemises et des chemisiers.
- "Technical Substrates" est un acteur mondial de la "fonctionnalisation" de textiles techniques. Concrètement, cela signifie que Chargeurs peut préparer un textile pour de multiples usages : diffusion ou occultation de la lumière, filtrage des ondes ou des sons, ignifugation…
- "Luxury Materials" est le numéro un mondial de la laine peignée haut de gamme, "la plus luxueuse et la plus résistante du monde".


Comme le montrent les graphiques ci-dessus, toutes les divisions sont rentables. La dernière acquisition va améliorer celle de "Fashion Technologies" et lui donner une exposition inédite au marché asiatique. La pépite devrait continuer à briller.