Paris (awp/afp) - Crédit Agricole a dévoilé jeudi un nouveau plan stratégique prudent, dans la continuité du précédent, où conquête et complémentarité commerciales ainsi que numérique seront les moteurs espérés de la croissance financière du groupe d'ici à 2022.

Après un exercice 2018 et un premier trimestre solides, Crédit Agricole SA (Casa), entité cotée du groupe mutualiste, a atteint la totalité de ses objectifs financiers antérieurs.

"Nous sommes à la fin d'un plan mais pas à la fin d'un cycle et comme nous ne voyons aucun plafond de verre sur aucune de nos activités, le premier message stratégique, c'est amplifier et accélérer", a déclaré Philippe Brassac, patron de Casa, lors d'une conférence de presse.

L'établissement vise désormais une croissance de 2,5% par an de ses revenus et de plus de 3% par an du bénéfice net afin de dépasser les 5 milliards d'euros d'ici à 2022 contre 4,4 milliards en 2018.

La banque établit son objectif de rentabilité de fonds propres (ROTE) à plus de 11% en se plaçant dans une hypothèse de remontée du coût du risque sur fond de taux d'intérêt encore bas.

Crédit Agricole SA table également sur une amélioration de sa rentabilité avec un diminution de plus de 2 points de son coefficient d'exploitation, soit le rapport entre les charges et le revenu, pour passer sous la barre des 60% d'ici à 2022. Pour cela, la banque compte économiser 600 millions d'euros sur la période en optimisant ses processus.

En termes de solvabilité, la banque envisage au niveau du groupe Crédit Agricole, soit caisses régionales incluses, d'atteindre un ratio de CET1 supérieur à 16% à fin 2022, largement au-dessus des exigences réglementaires, et de 11% pour Casa.

Ces annonces étaient accueillies mollement par le marché, le titre Casa gagnant 0,38% à 10,45 euros à 12H20 (10H20 GMT).

Objectifs environnementaux ambitieux

Pour atteindre ses objectifs financiers, Crédit Agricole va actionner trois leviers.

Le groupe se veut "premier en conquête clients" sur ses marchés. Dans ce but, il va ainsi injecter 450 millions d'euros dans les paiements entre 2019 et 2022. L'amélioration des instruments existants sera privilégiée, a expliqué Xavier Musca, directeur général délégué de Casa.

A l'international, la banque se concentrera sur l'Europe où elle se développera de manière distincte selon les métiers, en particulier en Italie et en Allemagne.

Hors zone euro, le groupe veut "pousser les feux" en Asie au travers de coentreprises et de partenariats sur l'ensemble de la zone via Amundi, sa filiale de gestion d'actifs, Indosuez Wealth Management ou sa banque d'investissement CACIB.

La banque, qui revendique être la dixième mondiale, envisage "poursuite et accélération de partenariats" et "acquisitions ciblées" et exclut toute "grosse fusion" transfrontalière, a confirmé Philippe Brassac.

"Les banques européennes qui ne connaissent pas les frontières, ça n'existe pas et c'est un fait de régulation, d'une Europe qui n'est pas encore assez ouverte pour que je puisse par exemple optimiser la solvabilité ou la liquidité sur un territoire européen", a-t-il pointé.

Le groupe entend dégager 1,3 milliard d'euros en "synergies de revenus", par les ventes croisées entre ses différentes entités, pour atteindre 10 milliards d'euros d'ici à 2022. L'assurance et les services financiers spécialisés en seront les fers de lance ainsi que l'Italie.

Crédit Agricole souhaite par ailleurs "mobiliser le groupe autour d'une stratégie climat commune" en ligne avec les Accords de Paris, qui sera certifiée par un organisme tiers et publiée en 2020.

Parmi ses engagements, la sortie "du charbon thermique en 2030 dans l'UE et l'OCDE" ou le financement d'un projet d'énergies renouvelables sur trois en France.

Ces engagements "marquent une tolérance zéro vis-à-vis de l'expansion" dans le secteur du charbon et "soutiennent une sortie totale du secteur dans les temps impartis par la science climatique pour limiter le réchauffement à 1,5°C maximum", ont salué, dans un communiqué conjoint, les ONG Oxfam et Les Amis de la Terre, cette dernière évoquant les "meilleures pratiques jamais adoptées par l'industrie financière" sur le charbon.

Les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) seront aussi pris en compte dans 100% des fonds gérés par sa filiale Amundi, géant mondial de la gestion d'actifs, et dans 100% des nouveaux investissements de Crédit Agricole Assurances, l'un des premiers assureurs de France.

afp/al