Zurich (awp) - Credit Suisse a fait le plein de confiance au premier trimestre 2018, alors que la restructuration arrive à bout touchant. Le numéro deux bancaire helvétique a dépassé les attentes et signé une performance solide. L'activité de gestion de fortune a évolué positivement, alors que la banque d'affaires, au coeur de la réorganisation, est toujours en voie de rémission.

"Nous avons désormais derrière nous neuf trimestres sur les douze que compte notre programme de restructuration", a expliqué mercredi le directeur général (CEO) Tidjane Thiam, cité dans un communiqué.

Entamée en 2016 dans le sillage de l'arrivée de M. Thiam, la réorganisation de l'activité doit permettre de réduire la base de coûts de l'ordre de 17 milliards à fin 2018. Autrefois fer de lance, la banque d'investissement a cédé sa place à la gestion de fortune, moins risquée et censée soutenir la croissance du groupe.

Ces efforts semblent porter leurs fruits. Au premier trimestre, la banque a dégagé un bénéfice net de 694 millions de francs suisses, en hausse de 16% sur un an. Dans un commentaire, la Banque cantonale de Zurich souligne que deux éléments exceptionnels, pour un montant de total de 73 millions de francs suisses, ont dopé cet indicateur.

Le résultat avant impôts a gonflé de 57% à 1,05 milliard. Le produit d'exploitation s'est fixé à 5,64 milliards de francs suisses, ce qui représente une croissance de 2%. En contrepartie, les charges ont chuté de 6% à 4,53 milliards.

Ces chiffres décoiffent les prévisions des analystes sollicités par AWP, surpassant même les attentes les plus optimistes en termes de bénéfice net et de résultat avant impôts.

Vaisseau amiral du groupe, la banque universelle suisse (SUB) a crû à une cadence plus soutenue que la société dans son ensemble. Le résultat avant impôts a gonflé de 40% à 563 millions au bénéfice d'une importante réduction des charges (-11%).

Le groupe table sur un bénéfice annuel de 2,3 milliards de francs suisses pour la SUB à fin 2018. Afin d'y parvenir, de nouvelles économies seront appliquées, a expliqué le CEO en conférence téléphonique.

PLUS HAUT DEPUIS SEPT ANS

Les deux unités de gestion de fortune, International Wealth Management (IWM) et Asia Pacific (Apac), enregistrent une hausse de plus de 10% des recettes. Le résultat est amélioré de plus de la moitié.

Sur trois mois, la masse sous gestion a légèrement avancé, au bénéfice d'entrées nettes d'argent de 14,4 milliards. Il s'agit d'un plus haut trimestriel depuis sept ans, souligne l'établissement zurichois.

Au niveau du groupe, les actifs sous gestion ont stagné (+0,3%) à 1379,9 milliards de francs suisses, en comparaison trimestrielle. Les entrées nettes d'argent ont atteint 25,1 milliards de francs suisses, contre 3,1 milliards au quatrième trimestre 2017.

L'unité de banque d'affaires Global Markets, qui se trouve au coeur de la restructuration entamée il y a deux ans, affiche un résultat en recul par rapport au premier trimestre 2016. "Nous avons travaillé d'arrache-pied pour rendre notre performance globale moins tributaire de nos activités plus dépendantes du marché", a affirmé M. Thiam.

Investment Banking & Capital Markets, l'autre division de banque d'affaires, s'inscrit également en recul, en raison d'une activité clientèle modérée. Les introductions en Bourse et les émissions d'actions ont pris le relais des fusions/acquisitions et émissions d'emprunts, dont le volume a baissé.

Les indicateurs de capitalisation ont fait du surplace. Le ratio de fonds propres durs a grappillé 0,1 point sur trois mois à 12,9%. Le ratio de levier est resté stable à 3,8%.

Le groupe ne fournit aucune prévision chiffrée pour 2018. Credit Suisse s'attend à une phase de volatilité plus importante sur les marchés.

La performance dévoilée par Credit Suisse a visiblement ravi les investisseurs. Après avoir mené la course en tête toute la séance, le titre a engrangé 3,6% à 16,78 CHF, alors que le SMI des valeurs vedettes a clôturé en recul de 0,86%.

Les analystes émettaient des avis globalement positifs. Pour Baader Helvea, la grande banque devrait en 2018 enfin tirer les bénéfices de la restructuration. Credit Suisse assure à tous les niveaux, résume Morgan Stanley. La grande banque américaine retient la "très forte" collecte d'argent dans la gestion de fortune.

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