Zurich (awp) - La grande banque Credit Suisse publie mercredi 30 octobre ses chiffres pour le troisième trimestre 2019. Six analystes ont contribué au consensus AWP:

T3 2019E
(en mio CHF)        cons. AWP     T2 19A   T3 18A

produit d'expl.        5'199       5'581    4'888
charges d'expl.        4'071       4'254    4'152
bénéfice avant impôts  1'131       1'302      671
bénéfice net             776         937      424

FOCUS: aucune amélioration positive n'est à constater au troisième trimestre, en comparaison avec le partiel précédent. La persistance d'incertitudes géopolitiques - parmi lesquelles les litiges commerciaux, les troubles à Hong Kong ou encore le Brexit - aura sans doute conforté la clientèle dans son attitude attentiste et prudente. A cela s'ajoute le ralentissement conjoncturel global et les craintes de récession dans certaines régions.

L'été est traditionnellement synonyme d'activité réduite pour le secteur bancaire. Autant dire que le troisième trimestre de Credit Suisse ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. Le numéro deux bancaire helvétique profitera néanmoins d'effets exceptionnels tels qu'un taux d'imposition réduit. Les efforts de restructuration menés entre 2015 et 2018 devraient également apporter leur contribution.

D'autres éléments uniques sont sources d'incertitudes. Le prix de vente de la plateforme de fonds InvestLab n'a pas été communiqué. Les répercussion de la faillite du voyagiste Thomas Cook sont difficilement calculables. Selon le Financial Times, certaines banques, dont Credit Suisse, pourraient être concernées par des corrections de valeur sur des emprunts et obligations.

Malgré tout cela, les analystes ne se montrent guère pessimistes. Les derniers résultats trimestriels d'UBS ont démontré que les grandes banques peuvent déjouer des pronostics défavorables.

Les géants américains ont eux aussi dépassé les attentes. Hormis Goldman Sachs, tous ces groupes bancaires ont réalisé une bonne performance dans la banque d'affaires, en particulier dans l'obligataire.

Chez Credit Suisse, les indicateurs à retenir seront les entrées d'argent dans la gestion de fortune et l'évolution du rendement des fonds propres, qui permet de mesurer la rentabilité. La grande banque privilégie le rendement des fonds propres tangibles (RoTE), attendus à 10-11% en 2019, 11-12% en 2020 et supérieurs à 12% dès 2021. L'objectif pour l'exercice en cours ne sera pas atteint, selon les analystes.

OBJECTIFS: à l'occasion de la présentation des résultats au deuxième trimestre à fin juillet, Credit Suisse avait confirmé ses objectifs à moyen terme, dont voici un florilège:

. rendement sur fonds propres matériels (RoTE):
  10-11% en 2019, 11-12% en 2020, >12% en 2021 (T1: 7,8%)

. charges d'exploitation pour 2019 et 2020:
  entre 16,5 et 17 mrd CHF (fin 2018: 16,5 mrd)

. ratios de capital pour 2018-2020: 
  fonds propres durs (CET1, look-through) >12,5% (fin T1: 12,6%)
  CET1 Leverage Ratio >3,5% (Ende Q1: 4,1%)
  Tier 1 Leverage Ratio >5,0%

. gestion du capital 2019 et 2020:
  retour d'au moins 50% du bénéfice net aux actionnaires
  relèvement du dividende d'au moins 5% par année (2018: 0,2625 CHF/action)
  rachat d'actions jusqu'à 1,5 mrd CHF en 2019, et du même ordre en 2020

. taux d'imposition effectif d'environ 30% en 2019
. progression de l'efficience visée de 2-3% par an


POUR MÉMOIRE:

AFFAIRE IQBAL KHAN: le troisième trimestre a été indéniablement marqué par l'affaire Iqbal Khan. Le banquier star, débauché par le concurrent UBS, a fait l'objet d'une filature rocambolesque qui a tourné au fiasco pour Credit Suisse.

A l'issue d'une enquête diligentée par le numéro deux bancaire helvétique, le président Urs Rohner a déploré un dégât d'image important pour l'établissement. La surveillance de l'ancien chef de la gestion de fortune était "erronée et disproportionnée", a déclaré M. Rohner.

Malgré cela, le conseil d'administration de Credit Suisse a renouvelé sa confiance dans le directeur général Tidjane Thiam, éclaboussé par cette affaire. De nombreux médias ont mis en doute la version de la grande banque, selon laquelle ni M. Thiam ni M. Rohner n'étaient au courant de la mise sous surveillance d'Iqbal Khan.

Les responsables désignés de cette filature, le directeur opérationnel Pierre-Olivier Bouée et le chef de la sécurité Remo Boccali, ont quitté la banque début octobre, emportés par cette affaire. Le Ministère public zurichois a ouvert une procédure qui suit son cours, suite à une plainte d'Iqbal Khan.

SUBPRIMES: le fantôme de la crise de 2008 vient encore hanter Credit Suisse. La grande banque est menacée de poursuites aux Etats-Unis pour un montant de 1,4 milliard de dollars (presque autant en francs suisses), a rapporté début octobre le Financial Times.

Au moins une douzaine d'investisseurs menacent de porter plainte contre Credit Suisse, qui nie catégoriquement avoir trompé des investisseurs avec des titres adossés à des hypothèques résidentielles (RMBS), désignés comme les responsables de la crise financière.

RACHAT D'ACTIONS: Credit Suisse est en bonne voie pour compléter son programme de rachat d'actions, dont l'objectif est d'atteindre au moins un milliard de francs suisses. Au 18 octobre, la grande banque avait acquis 56,5 millions de titres, pour une valeur de 695,3 millions de francs suisses.

COURS DE L'ACTION: le titre Credit Suisse s'échangeait à 12,68 francs suisses lundi midi, soit une progression de 17% depuis janvier, moins que l'indice SMI (+21%). Le cours a sensiblement baissé depuis plafond annuel de 14,14 francs suisses atteint après les chiffres du premier trimestre. En 2018, l'action a perdu près de 40%.

site web: www.credit-suisse.com

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