Jörg Kukies était coprésident du directoire de Goldman Sachs en Allemagne avant d'entrer au gouvernement il y a un an. Selon des sources proches du dossier, le secrétaire d'Etat a depuis préconisé une fusion entre Deutsche et Commerzbank, un rapprochement qui, selon les syndicats, pourrait entraîner jusqu'à 30.000 suppressions de postes.

Goldman Sachs conseille Commerzbank, dont l'Etat allemand détient 15% du capital, dans les discussions sur l'éventualité d'une fusion, ont déclaré des personnes au fait de la question.

"C'est un conflit d'intérêt", a critiqué le parlementaire de l'opposition Fabio De Masi. "Lorsque 30.000 emplois sont en jeu, le gouvernement doit éviter toute impression de conflit d'intérêt."

Danyal Bayaz, élu du parti des Verts et expert financier, a de même déclaré : "Lors de la crise financière, nous avons vu que le gouvernement et les finances étaient trop interconnectés. Dix ans plus tard, nous ne voulons pas nous retrouver avec la même chose. Nous voulons une stricte séparation entre la politique et l'industrie."

Goldman Sachs s'est refusé à tout commentaire.

Un porte-parole de Jörg Kukies a dit à Reuters qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêts et que le secrétaire d'Etat, qui a travaillé 17 ans chez Goldman Sachs, s'occupait des marchés financiers (trading) au sein de la banque d'affaires, un département "strictement séparé" des conseils en fusions.

Dans son édition de mardi, le journal Bild, tabloïd le plus vendu en Allemagne, met en doute l'avenir de Jörg Kukies au sein du gouvernement.

(John O'Donnell et Arno Schuetze, Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

Valeurs citées dans l'article : Goldman Sachs Group, Deutsche Bank, Commerzbank