Alors qu'une réflexion est en cours sur l'organisation de la concurrence et sur les tarifs de l'électricité en France, le dirigeant a cependant rappelé la nécessité pour EDF d'obtenir une nouvelle régulation, le système actuel étant selon lui la source d'un "endettement systémique" du groupe.

Ces déclarations interviennent alors qu'Emmanuel Macron a demandé fin 2018 à EDF de revoir son modèle pour garantir le financement de ses activités et annoncé que l'Etat allait réfléchir au renforcement de sa participation au capital du groupe - dont il détient aujourd'hui 83,7% - face aux enjeux et aux risques spécifiques du nucléaire.

"Nous pourrions dissocier les activités de production centralisées du reste du groupe avec deux bilans à l'intérieur d'un seul groupe qui restera intégré, et nous pourrions ainsi recréer des marges de manœuvre pour lever de la dette et investir dans les énergies renouvelables d'une part, dans le nucléaire d'autre part", a déclaré Jean-Bernard Lévy au Figaro.

"Aucun schéma n'est arrêté, même si nous resserrons le champ des possibles", a toutefois précisé le PDG, dont la reconduction pour quatre ans à la tête d'EDF a été actée jeudi par l'assemblée générale des actionnaires. Il prévoit de faire ses propositions à l'Etat fin 2019.

Jean-Bernard Lévy a également de nouveau plaidé pour une réforme de la régulation, jugeant que le système de l'Arenh (Accès régulé au nucléaire historique) permettant aux concurrents d'EDF de lui acheter de l'électricité d'origine nucléaire à des prix inférieurs à ceux du marché "est un mécanisme forcément perdant pour (le groupe) et donc pour les Français".

Le dirigeant évoque comme piste de réforme la création d'un "corridor de prix dont le plancher préservera (les) capacités d'investissements (d'EDF), et le plafond protégera le consommateur", appelant aussi à ce que l'on revienne sur l'optionnalité dont bénéficient les opérateurs alternatifs.

"DES FORTUNES PRIVÉES (...) SUR LE DOS DU PARC NUCLÉAIRE"

Alors que des sociétés telles que Direct Energie - rachetée par Total en 2018 -, Engie ou Eni ont notamment utilisé l'Arenh pour prendre des parts de marché à EDF en France ces dernières années, Jean-Bernard Lévy juge que le dispositif actuel "a créé une nouvelle forme de rentes".

"Des fortunes privées ont été construites, et monétisées, sur le dos du parc nucléaire d'EDF."

Le président de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) Jean-François Carenco a de son côté déclaré sur CNEWS qu'il souhaitait faire en sorte que la hausse des tarifs de l'électricité "soit limitée à l'inflation" l'année prochaine une fois leur mode de calcul réformé.

Alors que cette hausse doit atteindre 5,9% TTC le 1er juin, Jean-François Carenco a également indiqué qu'elle devrait être suivie le 1er d'août d'une autre augmentation liée au transport de l'électricité, que le régulateur essaiera de plafonner à 1%.

Bernard Doroszczuk, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a par ailleurs indiqué lors d'une audition parlementaire que l'instance devrait se prononcer dans le courant du mois de juin sur les défauts de soudures de l'EPR de Flamanville (Manche), un dossier qui risque d'entraîner un nouveau report du démarrage du réacteur et des centaines de millions d'euros de coûts supplémentaires pour EDF.

"Les discussions entre l'entreprise et l'Autorité sont actuellement très actives. Nous faisons en sorte de montrer que les installations concernées satisfont les exigences de sûreté. En tout état de cause, nous nous plierons rigoureusement aux décisions de l'ASN", a dit Jean-Bernard Lévy.

(Benjamin Mallet et Gilles Guillaume, édité par Benoît Van Overstraeten et Jean-Michel Bélot)