(Actualisé avec réaction d'Embraer §3)

SAO PAULO/PARIS, 25 avril (Reuters) - Boeing a renoncé samedi à la prise de contrôle de la division aviation civile d'Embraer, une opération à 4,2 milliards de dollars (3,87 milliards d'euros) en négociation depuis des mois.

"Au cours des derniers mois, nous avons eu des négociations productives mais finalement non couronnées de succès", a déclaré dans un communiqué Marc Allen, vice-président senior de Boeing, qui pilotait le projet de partenariat. "Nous avions tous pour objectif de les régler d'ici la date initiale de finalisation (de l'accord), mais cela ne s'est pas produit."

Dans un communiqué, Embraer, troisième constructeur aéronautique mondial derrière le duopole Airbus et Boeing, s'est dit "fermement convaincu que Being a rompu à tort cet accord".

En juillet 2018, Boeing était convenu de racheter 80% de la division d'aéronautique civile d'Embraer, après qu'Airbus avait pris le contrôle en 2017 de la division CSeries du canadien Bombardier, désormais rebaptisée A220.

Ces opérations s'expliquaient par la volonté des deux mastodontes de l'aéronautique mondiale d'étendre leurs activités aux appareils de lignes régionaux, afin de dégager de nouveaux revenus et de trouver des moyens de réduire leurs coûts de conception et de fabrication.

Les négociations sur la finalisation du contrat entre Boeing et Embraer, compliquées depuis des semaines, se sont achevées ces dernières heures sur un constat d'échec.

Les deux groupes ont renoncé à communiquer conjointement sur le dossier. Selon des sources contactées par Reuters, Boeing a informé vendredi soir le constructeur brésilien qu'il refusait de prolonger la date butoir fixée pour les négociations, à savoir vendredi minuit.

Selon des sources au fait de ces négociations, Boeing a émis des objections pendant les discussions sur des questions financières et juridiques, ce qu'Embraer a considéré comme une volonté délibérée de rompre l'accord de la part de Boeing.

"Boeing a été durement touché par la crise mondiale (du coronavirus) et a trouvé des mécanismes dans le contrat pour y mettre un terme", a déclaré une source basée au Brésil.

L'avionneur américain se prépare à tailler dans ses effectifs et à réduire drastiquement sa production en raison de la crise économique liée au coronavirus.

Une source aux Etats-Unis a nié que Boeing ait délibérément sapé l'accord, ajoutant qu'Embraer connaissait la date butoir des négociations depuis plus d'un an.

La transaction avait reçu le feu vert de nombreuses autorités de régulation, à l'exception de l'Union européenne, qui avait reporté sa décision au mois d'août. (Marcelo Rochabrun, Tim Hepher et Tatiana Bautzer, version française Jean-Stéphane Brosse)