La monnaie unique lâche de nouveau du terrain sur le marché des changes, essentiellement victime de l'insistance des divergences de politique monétaire entre la FED et la BCE ainsi que d'un regain d'incertitudes entourant l'élection présidentielle française.

Pour la première fois depuis la fin de ses rachats d'actifs, la FED fait état dans ses minutes, sans plus de précisions, de discussions concernant une potentielle réduction du bilan de l'institution dès cette année. Si une telle entreprise pourrait impliquer une pause en matière de hausse de taux, son évocation confirme néanmoins une volonté ferme de la banque centrale d’aller plus loin dans la normalisation de sa politique.

De son côté, le gouvernement américain a publié un rapport mensuel sur l'emploi en demi-teinte qui ne semble toutefois pas en mesure de remettre en cause la feuille de route de l'autorité monétaire. En effet, bien que la première économie mondiale ait embauché deux fois moins qu'attendu au mois de mars, le taux de chômage recule à son plus bas niveau depuis presque 10 ans (4.5%).

En Europe, Mario Draghi a au contraire insisté sur le fait qu'aucune indication ne permettait d'affirmer que l'inflation pouvait s'inscrire durablement dans la fourchette cible de Francfort. Malgré de nombreux désaccords entre ses membres, comme le confirme le compte-rendu de sa dernière réunion, la BCE ne semble ainsi pas prête à agir sur ses taux d’ici la fin de l'année.

Sur le front politique, après un apaisement des inquiétudes suite aux législatives néerlandaises, la menace eurosceptique réapparaît en France alors que Jean-Luc Mélenchon bénéficie d'une dynamique croissante dans les sondages. Les intentions de vote cumulées du chef de file de la gauche radicale et de Marine Le Pen dépassent 40% et l'hypothèse d'un second tour entre les deux candidats populistes, à peine crédible il y a encore dix jours, devient même un scénario plausible.

Enfin sur le terrain diplomatique, un sommet sino-américain dépassionné entre Xi Jinping et Donald Trump n'a pas davantage pénalisé le billet vert que les dernières frappes de Washington en Syrie ou les menaces contre la Corée du Nord.

Graphiquement, l'Euro poursuit sa glissade entamée fin mars, après avoir tracé des records annuels au-delà de 1.09 USD. En cas de nouvelles pressions baissières et d’une clôture quotidienne sous 1.0545, son support de court terme, la monnaie unique pourrait de nouveau tester 1.0391 et évoluer dans des niveaux inédits depuis fin 2002.