PARIS, 22 novembre (Reuters) - Alain Juppé a accusé mardi soir François Fillon, son rival pour l'investiture présidentielle à droite, d'engranger des soutiens à l'extrême droite, ce que dément catégoriquement l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Le maire de Bordeaux, qui aborde le second tour de la primaire en position de faiblesse avec 28,6% des voix face aux 44% de François Fillon, est passé à l'offensive contre ce dernier en l'attaquant sur son programme économique, jugé "brutal" et "irréalisable", et en le priant de clarifier sa position sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

Mardi soir, sur BFM TV, avant sa première réunion publique de l'entre-deux-tours à Toulouse, Alain Juppé a évoqué des soutiens d'extrême droite au bénéfice de son concurrent.

"J'entends sur les ondes, tout au long de la journée, de plus en plus de soutiens venus de l'extrême droite, qui soutiennent la candidature de François Fillon", a-t-il déclaré, sans plus de précisions.

"Moi je suis avec une droite ouverte et le centre, sans lesquels nous ne gagnerons jamais une élection présidentielle", a-t-il souligné.

Interrogé sur son rapprochement avec l'imprévisible centriste François Bayrou, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a insisté : "Je préfère ce soutien-là à celui de l'extrême droite".

François Fillon a dénoncé sur BFM TV un argument qui "n'a aucun sens".

"Ça me déçoit, parce qu'Alain Juppé, je pensais que c'était quelqu'un qui avait une grande honnêteté intellectuelle et avec lequel j'ai toujours été capable de travailler", a-t-il réagi.

"Je n'ai aucune alliance avec l'extrême droite, j'ai toujours combattu l'extrême droite et je continuerai. Et d'ailleurs je pense même que le programme que je propose est justement le seul qui peut permettre d'éviter l'extrême droite", a-t-il souligné.

"Parce que si on continue avec des programmes qui au fond ne changent pas profondément la vie des Français (...), on va finir par avoir l'extrême droite", a-t-il poursuivi en évoquant implicitement le projet d'Alain Juppé.

L'eurodéputé Aymeric Chauprade, ancien cadre du Front national, a annoncé mardi dans L'Express son soutien à François Fillon, qu'il juge le seul capable de "bloquer l'accès du second tour de la présidentielle à Marine Le Pen".

Le FN, par la voix de son vice-président Florian Philippot, a vivement attaqué lundi François Fillon, jugeant son programme d'une "violence inouïe". (Sophie Louet)