ajoute propos ministre allemande de la Défense et ministre française des Affaires européennes sur l'idée d'armée européenne

BERLIN (awp/afp) - Angela Merkel et Emmanuel Macron comptent afficher dimanche à Berlin lors de commémorations de la guerre un front uni face à Donald Trump et aux populismes, malgré de persistants désaccords entre eux sur le fond.

Le chef de l'Etat français doit participer à partir de la fin de matinée à des commémorations allemandes du souvenir pour les victimes des guerres et prononcer un discours à 12H30 GMT devant la chambre des députés du pays.

Cette volonté des deux dirigeants d'apparaître unis devrait notamment concerner la proposition controversée de création d'une armée européenne, un vieux projet européen relancé avec vigueur récemment par le chef de l'Etat français et la chancelière allemande, qui suscite l'ire du chef de l'Etat américain.

Une telle armée européenne ne devrait pas se borner à des équipements et des entraînements de troupes en commun "mais implique aussi la volonté politique de défendre avec détermination les intérêts européens lorsqu'un conflit éclate", a estimé la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen dans un entretien à paraître lundi dans le groupe de presse régionale Funke.

"Il ne s'agit pas d'être contre les Etats-Unis mais de prendre notre destin en main pour ne plus compter éternellement sur les autres", lui a fait écho dimanche la ministre française chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, dans une interview au Journal du Dimanche.

"Nous voulons devenir des alliés plus forts mais sans forcément faire de nous des clients", a-t-elle ajouté.

Donald Trump s'est montré très critique à l'égard du chef de l'Etat français sur ce sujet, invitant les Européens à d'abord augmenter leurs contributions à l'Otan.

L'Alliance atlantique et certains pays européens, comme les Pays-Bas, se sont montrés également très réservés, y voyant un risque important de concurrence avec l'organisation atlantique.

Première depuis 2000

Le président français et la chancelière allemande avaient déjà multiplié il y a une semaine, lors des cérémonies en France du centenaire de la fin de la Première guerre mondiale, les marques de complicité et de cohésion.

Sa venue à Berlin pour le Volkstrauertag (Jour du Souvenir) parachèvera cette séquence. Il s'entretiendra à la fois avec le chef de l'Etat allemand Frank-Walter Steinmeier, dont le rôle est surtout honorifique, puis avec Angela Merkel.

Son discours au Bundestag sera une première pour un président français depuis Jacques Chirac en juin 2000.

La France et l'Allemagne se sont déjà entendues vendredi sur les contours d'un budget pour la zone euro, projet phare d'Emmanuel Macron pour soutenir l'investissement. Mais pas sur son montant, qui reste non défini alors que le chef de l'Etat français espérait à l'origine des centaines de milliards d'euros.

L'Allemagne n'en a accepté le principe que du bout des lèvres et en verrouillant strictement son utilisation.

Une illustration, parmi beaucoup d'autres, des nombreuses divergences et frustrations entre Paris et Berlin depuis plus d'un an. La France s'estimant pas suffisamment soutenue dans ses projets de relance du projet européen en crise par une chancelière politiquement en fin de cycle.

Le président du Bundestag Wolfgang Schäuble a reconnu la nécessité d'un "nouvel élan" pour le couple franco-allemand. Et un proche d'Angela Merkel, Armin Laschet, a reconnu dans le Spiegel que son pays était trop "hésitant" sur l'Europe. Il l'a appelé à être "plus enthousiaste" sur le sujet et à avoir une vision "moins comptable".

"Le contexte européen nous oblige à être encore plus rapides et à avoir encore plus de résultats", met en garde la présidence française, à six mois des élections européennes.

Conflit sur les Gafa

Paris et Berlin sont aussi en désaccord sur la taxation des géants du numérique, projet phare d'Emmanuel Macron que la France voudrait voir concrétisé au plan européen dès décembre. Angela Merkel craint un retour de bâton américain contre les entreprises allemandes et veut repousser le sujet à 2021.

Des échanges acides ont aussi opposé les deux pays au sujet des ventes d'armes à l'Arabie saoudite fin octobre.

Nous les "Français et (les) Allemands, on ne nous attend pas ensemble seulement sur des déclarations, on nous attend sur les capacités à les mettre en oeuvre", résume-t-on à l'Elysée.

bur-mat/ylf/mra