Alteco et MAG Import, contrôlées par respectivement Joaquin Rivero et Victoria Soler, expliquent dans un communiqué commun que cette procédure, d'un montant quasiment record en Espagne, fait suite à un désaccord avec un syndicat bancaire dont l'un des membres a refusé de refinancer un prêt.

"Dès que l'on a une annonce sur les actionnaires espagnols de Gecina, cela ajoute de la méfiance sur une entreprise au passif très lourd", commente Pierre-Loup Etienne, analyste chez AlphaValue.

"Ne va-t-on pas redécouvrir de nouvelles garanties cachées que l'entreprise devrait assumer, comme ce fut le cas début 2012 lorsque la direction de Gecina a été informée de l'existence de garanties accordées par un société espagnole représentée par Joaquin Rivero nécessitant un nouveau provisionnement ?", s'interroge l'analyste.

L'ancien président de Gecina, Joaquin Rivero, qui a démissionné du conseil d'administration de la foncière fin mars, a été mis en examen en France début 2010, pour abus de biens sociaux notamment.

"TUMULTES"

En Bourse, vers 16h15, l'action Gecina perdait 5,53% à 76,25 euros, accusant la plus forte baisse de l'indice SBF 120 (-0,5% au même moment). Par rapport à l'actif net réévalué triple net dilué (EPRA) par action, à 98,66 euros à fin juin, le titre se négocie avec une décote de 23%.

La sortie de Joaquin Rivero et de Victoria Soler du capital de Gecina pourrait à terme profiter à Gecina, estiment néanmoins certains analystes attribuant une partie de la décote sur les autres foncières à cette présence.

"En début d'année, Gecina a réalisé une émission obligataire qui s'est réalisée dans des conditions difficiles liées aux tumultes autour de Joaquin Rivero", souligne Pierre-Loup Etienne.

"La faillite des holdings de Rivero et Soler et le départ forcé d'actionnaires pour le moins encombrants, devraient finir par avoir des retombées bénéfiques pour la foncière", observe Nicolas Maychmaz, analyste à La Française REM.

Selon plusieurs sources, Banco Popular, Bankia, NCG Banco, Natixis et Royal Bank of Scotland sont les établissements bancaires les plus exposés au prêt syndiqué d'Alteco et MAG Import.

Selon une source bancaire, Bankia serait exposée à hauteur de 234 millions d'euros et le journal El Pais estime à 264 millions d'euros l'exposition de Banco Popular. Natixis a déclaré avoir une exposition de 266 millions d'euros sur les deux sociétés, mais a assuré que cette exposition était pour l'essentiel couverte.

"CAPITAL BLOQUÉ POUR AU MOINS 12 À 24 MOIS"

L'impact sur les banques espagnoles devrait toutefois être limité car ces dernières ont déjà déprécié plusieurs centaines de millions d'euros de pertes dans de mauvais investissements immobiliers, à la demande du gouvernement.

Cette situation ne devrait pas entraîner par ailleurs de changement majeur au sein de l'actionnariat de Gecina, estiment les analystes tout en reconnaissant que des incertitudes devraient demeurer jusqu'à une clarification sur le sujet de Metrovacesa, principal actionnaire de Gecina (27% du capital).

"Un changement de propriétaire chez Gecina, cela fait cinq ans que le bruit circule et la situation tarde toujours à se décanter", rappelle Nicolas Maychmaz.

Les banques qui pourraient récupérer les participations de Joaquin Rivero et de Victoria Soler dans Gecina n'ont en effet pas intérêt à brader leurs titres compte tenu des pertes que cela pourrait représenter.

"Il paraît difficile d'imaginer Metrovacesa accepter une cession ou une dilution de sa participation dans un véhicule plus gros alors que les dividendes de Gecina sont indispensables pour Metrovacesa et que le bilan du groupe espagnol serait significativement fragilisé sans la foncière française", ajoute Samuel Henry-Diesbac analyste chez Kepler Capital Markets.

"Le capital de Gecina pourrait maintenant être bloqué pour au moins les 12 à 24 mois à venir", estime-t-il.

Quand bien même certains actionnaires souhaiteraient se désengager de Gecina, encore faut-il trouver un acquéreur, ce qui ne semble pas évident aux yeux des analystes.

"Aucun acteur ne va se précipiter pour reprendre une participation dans Gecina, alors qu'il y a plutôt un désintérêt pour les bureaux à Paris" sur lequel la foncière est fortement exposée et qui est en fin de cycle, explique Pierre-Loup Etienne.

Gecina et Amundi, qui détient 8,2% de la foncière, n'ont pas souhaité faire de commentaire.

Un tribunal espagnol décidera la semaine prochaine s'il y a lieu d'accepter le dépôt de bilan d'Alteco et de MAG Import.

Avec Carlos Ruano à Madrid, Alice Cannet et Catherine Monin à Paris, édité par Jean-Michel Bélot

par Alexandre Boksenbaum-Granier et Tracy Rucinski