(Actualisé avec des précisions, commentaires)

par Kevin Yao

PEKIN, 18 décembre (Reuters) - Le président chinois Xi Jinping a manifesté sa volonté mardi de mener à bien sans faille les réformes voulues par Pékin mais il n'a pas présenté de mesures particulières à cet effet, à l'occasion d'un discours très attendu, prononcé à l'occasion du 40e anniversaire de l'ouverture économique de la Chine.

S'exprimant pendant près d'une heure et demie, Xi Jinping a dit qu'il fallait à la fois soutenir l'économie publique et développer le secteur privé et affirmé que la Chine ne ménagerait pas ses efforts d'ouverture et de mise en oeuvre de réformes d'ampleur.

Le soutien que le gouvernement chinois apporte au secteur public est une pomme de discorde permanente avec les Etats-Unis.

"Nous devons, sans relâche, renforcer le développement de l'économie publique tout en encourageant, soutenant et guidant le développement de l'économie privée", a dit le président chinois.

Xi s'exprimait à l'occasion du 40e anniversaire de la campagne de "réforme et d'ouverture" lancée alors par Deng Xiaoping et qui devait aboutir à faire de la Chine la deuxième puissance économique mondiale.

Il a confirmé que rien ne se ferait qui n'ait l'assentiment du Parti communiste chinois (PCC), les réformes se devant avant tout d'améliorer le socialisme à la chinoise.

"S'ouvrir c'est progresser; s'enfermer c'est régresser", a résumé le président chinois.

"Se réformer et s'ouvrir n'est pas facile, à n'importe quel stade; nous nous exposerons inévitablement à toutes sortes de risques et de difficultés, et même à des tempêtes inimaginables", a-t-il ajouté, tout en mettant en avant le rôle du PCC.

Ses déclarations n'ont pas impressionné les marchés boursiers chinois qui ont reculé comme l'ensemble des places asiatiques, saisies par la crainte d'un ralentissement économique au niveau mondial.

L'indice composite de la Bourse de Shanghaï a terminé sur une perte de 0,8% et l'indice CSI300 des grandes capitalisations a cédé 1,04%.

"Alors que l'on nous vantait l'importance de ce discours, il n'y a pas grand chose de neuf car il ressemble en partie au discours de Xi devant le Politburo quelques jours auparavant", observe Jonas Short, du courtier Everbright Sun Hung Kai.

Il faudra suivre à présent, selon lui, la Conférence centrale sur le travail économique, qui doit s'ouvrir cette semaine, pour avoir quelques éléments sur l'évolution de la politique économique.

"CONCEPTION AU PLUS HAUT NIVEAU"

La Chine dégagera une croissance de 6% à 6,5% en 2019, selon un chercheur de la Commission nationale pour le développement et la réforme, l'organe central de planification.

Du Feilun a dit mardi que de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire sont probables sans que la Chine ne renoue avec une politique de soutien massif à l'économie.

Plusieurs conseillers du gouvernement avaient jugé lundi que la Chine devrait abaisser sa prévision de croissance pour l'an prochain entre 6% et 6,5%, en raison des retombées du conflit commercial avec les Etats-Unis.

Ce conflit pousse certains chefs d'entreprise chinois, cercles de réflexion et conseillers du gouvernement à plaider en faveur d'une accélération du rythme des réformes et d'une plus grande libéralisation du secteur privé.

Mais pour Xi, la Chine doit prendre son destin en main. "Il n'y a pas de règle gravée dans le marbre et personne ne peut faire la leçon au peuple chinois", a-t-il dit.

Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump ont convenu lors de leur rencontre du 1er décembre à Buenos Aires, en marge du sommet du Groupe des Vingt (G20), d'une trêve commerciale de 90 jours durant laquelle les négociations commerciales se poursuivront.

Le président chinois n'a pas manqué de vanter les réussites d'une économie plus décentralisée et mis en avant le secteur privé en évoquant les contributions aux réformes économiques des chefs d'entreprise telles qu'Alibaba, Tencent Holdings , Baidu et Geely Automobile Holdings .

Pour autant, la référence de Xi à une "conception au plus haut niveau" laisse penser qu'il n'est pas disposé à amoindrir le rôle joué par l'Etat dans l'économie, observe Zhang Lifan, un commentateur de la vie politique chinoise basé à Pékin, ajoutant que le conflit commercial avec Washington a déjà des répercussions négatives.

"Il dit qu'il faut un gouvernement fort, des entreprises publiques grandes et puissantes et de l'investissement de grande ampleur; de ce point de vue, il semble que sa pensée n'ait pas changé", a-t-il dit. (avec Stella Qiu, Yawen Chen et Christian Sheperd Jean Terzian et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Blandine Hénault)