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par David Lawder et Se Young Lee

WASHINGTON/PEKIN, 24 août (Reuters) - Le président américain Donald Trump a décidé vendredi de relever encore de cinq points de pourcentage les droits de douane sur 550 milliards de dollars de produits importés de Chine, marquant une nouvelle escalade dans le conflit commercial qui oppose les deux premières économies du monde.

Cette déclaration de Donald Trump, effectuée sur Twitter, est survenue quelques heures après que Pékin a annoncé des mesures de rétorsion face aux droits de douane américains qui toucheront en deux étapes, au 1er septembre puis au 15 décembre, quelque 300 milliards de produits chinois jusque-là non taxés.

Le chef de la Maison blanche avait dans un premier temps réagi à l'annonce du gouvernement chinois en appelant les entreprises américaines à quitter la Chine.

L'amplification des tensions commerciales entre Washington et Pékin suscitent l'inquiétude sur les marchés financiers: Wall Street perdait plus de 1,8% vers 17h50 GMT tandis que le dollar et les cours du pétrole étaient en net recul, tout comme les rendements des bons du Trésor. Apple reculait de 4,5% tandis que General Motors et Intel perdaient chacun plus de 3%.

Plus tard dans la journée, après la fermeture des marchés financiers, Donald Trump a annoncé le relèvement des droits de douane sur 550 milliards de dollars de produits chinois importés.

"Malheureusement, les administrations précédentes ont permis à la Chine de s'éloigner du commerce équitable et équilibré au point de devenir un lourd fardeau pour le contribuable américain", a-t-il dit sur Twitter. "En tant que président, je ne peux plus permettre que cela se produise!"

Il a annoncé que les Etats-Unis, à compter du 1er octobre, feraient passer de 25% à 30% leurs droits de douane sur un montant de 250 milliards de dollars d'importations chinoises.

Parallèlement, le président américain a annoncé une augmentation supplémentaire des droits de douanes prévus sur les 300 milliards de dollars restants de produits chinoises, qui passeraient de 10% à 15%.

Washington commencera à imposer ces droits de douane sur certains produits à partir du 1er septembre mais sur environ la moitié de ces produits, ils ont été reportés au 15 décembre.

"NÉCESSAIRE"

La Chine a annoncé son intention de relever les droits de douane sur environ 75 milliards de dollars de produits américains, présentant ces mesures comme la riposte à la taxation annoncée de quelque 300 milliards de dollars de produits chinois supplémentaires décidée par les Etats-Unis plus tôt cet été.

Le ministère du Commerce chinois a déclaré dans un communiqué qu'il imposerait des droits de douane supplémentaires de 5% ou 10% sur un total de 5.078 produits provenant des Etats-Unis, parmi lesquels des produits agricoles tels que le soja, le pétrole brut et les petits avions.

La Chine va aussi rétablir la taxation d'automobiles et de pièces détachées d'origine américaine.

"La décision de la Chine de mettre en oeuvre des droits de douane supplémentaires a été rendue nécessaire par l'unilatéralisme et le protectionnisme des Etats-Unis", a dit le ministère chinois.

Les nouveaux droits chinois, comme les américains, prendront effet en deux étapes, le 1er septembre puis le 15 décembre.

A Washington, Donald Trump a réuni à la mi-journée ses principaux conseillers sur les questions commerciales après avoir publié des messages sur Twitter appelant les sociétés américaines implantées en Chine à rapatrier leur production.

"Nos formidables entreprises américaines ont pour ordre de commencer immédiatement à chercher une alternative à la Chine, y compris en ramenant vos entreprises à la maison et en fabriquant vos produits aux USA", a-t-il écrit.

"Nous n'avons pas besoin de la Chine et franchement, nous nous portons beaucoup mieux sans elle."

La Chambre de commerce américaine a rejeté cet appel.

"Nous partageons la frustration du président mais nous pensons qu'un engagement constructif et poursuivi est la bonne voie à suivre", a déclaré le responsable des affaires internationales Myron Brilliant dans un communiqué, exhortant les deux parties à atteindre rapidement un accord commercial.

"Le temps presse. Nous ne voulons pas voir une nouvelle détérioration des relations américano-chinoises", a-t-il ajouté.

Le président américain ne peut légalement pas obliger des entreprises américaines à quitter immédiatement la Chine et il n'a donné aucune précision sur la manière dont il entendait procéder pour y parvenir.

Pour Bill Reinsch, ancien haut responsable du département du Commerce, le président n'a que peu d'options à sa disposition pour forcer la main aux entreprises présentes en Chine et cela risquerait de pénaliser de grands groupes comme Apple, Boeing ou General Motors.

"On ne peut pas agir ainsi quand on est une économie de marché", a-t-il dit. (avec Judy Hua, Min Zhang et Stella Qiu à Pékin, David Shepardson, Doina Chiacu et Steve Holland à Washington; Marc Angrand et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Jean Terzian)