Zurich (awp) - Le chocolatier Lindt&Sprüngli a réussi à améliorer sa rentabilité l'année dernière, autant au niveau opérationnel que net. Fort de ses résultats, le groupe de Kilchberg entend choyer ses actionnaires moyennant un relèvement du dividende et un programme de rachat d'actions. La communauté financière, elle, y voit une façon d'adoucir une performance mitigée et des perspectives décevantes au niveau de la croissance organique.

"Outre les marchés traditionnels du chocolat, ce sont de plus en plus également les marchés de croissance comme le Brésil, la Chine, le Japon, la Russie ou l'Afrique du Sud qui soutiennent notre performance dynamique", s'est réjoui le directeur général (CEO) Dieter Weisskopf.

Le résultat opérationnel (Ebit) a grimpé de 5,8% à 595,4 mio CHF en 2017, et la marge correspondant s'est améliorée de 0,2 point à 14,6%, tandis que le bénéfice net s'est enrobé de 7,8% à 452,5 mio, a précisé Lindt&Sprüngli mardi.

Le groupe a confirmé le chiffre d'affaires publié en janvier de 4,09 mrd CHF, en progression de 4,8%. Ajustée des acquisitions, la croissance organique s'est inscrite à 3,7%.

Ces résultats sont quasiment conformes aux attentes des analystes interrogés par AWP, sauf pour le profit net, attendu à 444,4 mio CHF en moyenne.

ACTIONNAIRES COURTISÉS

Les actionnaires se verront proposer le versement d'un dividende de 93 CHF par bon de participation au titre de l'exercice écoulé, soit 5,00 CHF de mieux que pour l'exercice précédent. Le groupe zurichois a également annoncé le lancement d'un programme de rachat de titres portant sur les actions nominatives et les bons de participation pour un maximum de 500 mio CHF. Ce dernier débutera le 12 mars et pourrait durer jusqu'à fin juillet.

La direction a confirmé ses objectifs à long terme en matière de croissance organique (6-8%) et de marge opérationnelle (20-40 points de base). Pour l'année en cours, Lindt&Sprüngli vise une croissance des recettes de 5%, dont 90-95% seront à mettre au crédit de l'augmentation des volumes.

"Nous n'envisageons quasiment pas de hausses de prix cette année", a assuré le CEO lors de la conférence de presse, laissant toutefois entendre que la situation pourrait de nouveau changer en 2019. En fixant l'objectif à 5% pour 2018, une nouvelle fois sous la barre des 6-8% à long terme, il espère "restaurer la crédibilité face aux investisseurs".

Au chapitre des dépenses, le chocolatier compte investir en 2018 plus de 30 mio CHF dans l'extension et la modernisation de son usine d'Olten, dans le canton de Soleure. Les nouvelles capacités devraient être disponibles à partir du début de l'année prochaine.

Le groupe souhaite également renforcer sa présence dans la vente directe dans ses propres magasins et cafés. Leur nombre de 400 actuellement devrait être agrémenté de 30 à 40 points de ventes supplémentaires, dont près de la moitié dans les marchés de croissance cités plus haut.

Au total, après s'être inscrits à 185 mio CHF en 2017, les investissements pour l'exercice en cours devraient revenir à 250 mio, leur niveau entre 2014 et 2016.

"SUSUCRE" POUR RASSURER

Dans leurs commentaires, les analystes évoquent des résultats sans surprise, alors qu'une plus grande générosité était attendue en termes de rémunération des actionnaires. Du coup, le programme de rachat de titres est perçu au mieux comme un leurre destiné détourner l'attention d'objectifs timorés et de la performance décevante de Russell Stover.

A ce propos, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) est toujours curieuse de savoir dans quelle mesure l'érosion des ventes de la filiale pourra être endiguée.

La patience des investisseurs à propos de Russell Stover a été progressivement réduite en lambeaux, fait remarquer Vontobel. Malgré une restructuration et un repositionnement qui a duré plus de deux ans, la performance de l'entreprise laisse toujours cruellement à désirer, selon la banque privée zurichoise.

Selon Kepler Cheuvreux, le programme de rachat de titres serait un moyen pour Lindt&Sprüngli de mieux "faire passer la pilule" aux intervenants qui anticipaient un regain de croissance organique en 2018. Baader Helvea lui fait écho qualifiant le programme de "susucre".

Les annonces en provenance de Kilchberg n'ont pas enthousiasmé les investisseurs. A la Bourse, le bon de participation Lindt&Sprüngli a terminé en baisse de 0,6% à 5560,00 CHF et la nominative de 0,4% à 67'600 CHF, dans un SPI en hausse de 0,19%.

al/buc