Zurich (awp) - Le chocolatier industriel Lindt & Sprüngli a dégagé l'an dernier une rentabilité meilleure qu'auguré en janvier encore, soutenue notamment par un effet fiscal unique de près de 70 millions de francs suisses en plus d'ajustements tarifaires pour compenser l'explosion des prix du cacao. La direction laisse entrevoir pour l'année en cours une poursuite de la croissance, ainsi que dans une moindre mesure de la profitabilité.

L'excédent d'exploitation (Ebit) a bondi de 9,2% à 813,1 millions de francs suisses à la faveur d'une extension d'une soixantaine de points de base de la marge afférente. Le bénéfice net s'est envolé de 17,9% à 671,4 millions. Hors facteurs exceptionnels, la progression du résultat net aurait été bridée à 5,6%, pour un gain de 601,7 millions.

Le dividende proposé par action nominative a été augmenté de 100 francs suisses pour atteindre la coquette somme de 1400 francs suisses. Celui par bond de participation a progressé de 10 francs suisses à 140 francs suisses, précise le compte-rendu diffusé mardi.

La performance comble confortablement les attentes des analystes consultés par l'agence AWP, qui tablaient sur une marge Ebit de 15,6% pour un résultat afférent de 807 millions. Le bénéfice net s'inscrit tout en haut de la fourchette articulée de 642 à 672 millions.

Annoncé mi-janvier déjà, le chiffre d'affaires a atteint 5,20 milliards, à la faveur d'une hausse de 4,6%, ou de 10,3% sur une base organique.

Confiance de mise

La direction reconduit son objectif de croissance organique de 6 à 8% pour l'année en cours, assorti toujours d'une progression de 20 à 40 points de base de la marge opérationnelle. Des ajustements tarifaires s'annoncent toutefois nécessaires pour compenser l'explosion des prix du cacao.

A fin décembre, le programme de rachat d'actions à un milliard de francs suisses lancé en 2022 avait permis de rapatrier déjà 85% du maximum prévu. L'échéance reste fixée à fin juillet et Lindt & Sprüngli ne pipe pour l'heure mot sur une éventuelle réédition de ce type d'opération.

Les analystes saluent dans l'ensemble une performance opérationnelle remarquable, mais leurs appréciations divergent quant au bien fondé des valorisations atteintes par le bon de participation et la nominative.

Chez Vontobel, Jean-Philippe Bertschy applaudit l'extension de la marge opérationnelle, obtenue en dépit de l'inflation des intrants et de la stagnation des volumes. L'expert estime la capacité de fixation des prix du groupe zurichois intacte pour contrer le renchérissement du cacao.

Liste de risques

Si Lindt & Sprüngli dispose d'une position avantageuse sur ses concurrents et de meilleurs perspectives d'évolution des marges comme des recettes, ces atouts sont déjà généreusement intégrés dans le cours actuel des titres, considère de son côté Andreas von Arx, pour le compte de Baader Helvea. Détérioration du moral des consommateurs et impact des nouveaux médicaments coupe-faim viennent s'ajouter encore aux risques générés par l'envol des prix du cacao, poursuit l'expert. Le travail des enfants dans les plantations de cacao risque, lui, de ternir l'aura du groupe sur le plan ESG.

A la Bourse suisse, le bon de participation Lindt & Sprüngli a terminé en recul de 1,1% à 10'830 francs suisses, dans un SLI en baisse de 0,45%. Quant à la nominative, sur le marché largi, elle a cédé 0,4% à 107'400 francs suisses, dans un SPI en baisse de 0,22%.

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