Dans la crise du coronavirus, LVMH a fait montre de générosité avec ses gels hydroalcooliques. Dans les affaires, en revanche, le numéro un mondial du luxe pourrait se monter intraitable. En novembre 2019, Bernard Arnault signait le rachat de Tiffany pour 16,2 milliards de dollars, soit 135 dollars par action, un prix jugé correct par les analystes compte tenu des perspectives du joailler américain. Mais depuis la pandémie est passée par là. Les Bourses ont chuté… et la valeur de Tiffany aussi.

Mercredi, le titre a atteint son plus bas niveau depuis le début de l'année à 103,89 dollars, soit 23% de moins que le prix du deal. Il est donc tentant pour LVMH de négocier Tiffany à la baisse.

Selon Bloomberg, le groupe français n'a encore rien encore décidé. Il attendait la publication des résultats du joailler. Or, au quatrième trimestre, le groupe new yorkais a enregistré un bénéfice net inférieur aux attentes mais des ventes conformes au consensus. La société n'a pas dévoilé de précisions, compte tenu de son rapprochement avec LVMH.

Ce dernier pourrait tenter de faire jouer la clause de ''material adverse change'' (clause MAC), classique en M&A. Cette clause a pour objet de prémunir l'acquéreur de la survenance d'événements susceptibles d'impacter de façon significative la situation de la société cible, en lui permettant, à certaines conditions, de se libérer du contrat de cession.

Pour autant, utiliser cette clause pourrait susciter des discussions juridiques complexes, longues et coûteuses pour les deux parties.

Plus simplement, LVMH pourrait, ce qu'il fait sans doute déjà, acquérir des titres Tiffany directement sur le marché afin de lisser son prix d'achat à la baisse.

Quoiqu'il en soit, le groupe français pourrait jouer sur la fragilité de sa cible. Tiffany est sans doute, comme le reste du secteur, fortement impacté par la chute de la demande mondiale depuis le mois dernier.

Enfin, la société américaine se finance notamment via des produits à court terme des " commercials papers ", ou billets de trésorerie. Or ce segment du marché du crédit est actuellement frappé de plein fouet par la crise.