Par Matthieu Protard

La banque, durement frappée par la crise financière, a fait état d'une perte nette de 883 millions d'euros au deuxième trimestre 2009, moins importante qu'attendu.

Le consensus indicatif de Reuters, établi à partir des prévisions de sept analystes, tablait en moyenne sur une perte nette de 911 millions d'euros.

Natixis a également indiqué que sa maison-mère BPCE (Banque Populaire-Caisse d'Epargne), qui détient 71,54% de son capital, allait garantir son portefeuille d'actifs toxiques à hauteur de 35 milliards d'euros.

A la Bourse de Paris, l'action Natixis a ouvert sur un bond de plus de 34% après avoir été momentanément reservée à la hausse. Vers 9h45, le titre grimpait de 31,53% à 3,037 euros. A ce cours, elle gagne 142% depuis le début de l'année.

"Les nouvelles annoncées sont de bon augure pour les actionnaires minoritaires et témoignent d'un soutien très fort de la maison-mère", écrit Pierre Chedeville, analyste de CM-CIC Securities dans une note de recherche.

Le courtier Kepler Equities a de son côté relevé sa recommandé à "acheter" sur la valeur contre "conserver" précédemment. La garantie apportée par BPCE a aussi amené les analyste d'Oddo Securities à relever leur conseil à "achat" contre "alléger" auparavant.

OBJECTIF DE BÉNÉFICE AU T3 RÉALISTE, SELON PÉROL

Prié de dire si Natixis pensait redevenir bénéficiaire au troisième trimestre 2009, François Pérol, le président de la banque, a répondu : "C'est bien l'objectif que nous nous assignons".

"Quand on regarde la performance opérationnelle des activités de Natixis au deuxième trimestre, ce n'est pas un objectif qui nous paraît irréaliste", a ajouté François Pérol, qui est aussi président du directoire de BPCE, lors d'une conférence téléphonique.

La banque, recapitalisée à hauteur de 9,1 milliards d'euros depuis un an, s'est aussi fixée un objectif de rendement des fonds propres (ROE) de 12% à l'horizon de 2012.

A fin juin 2009, ses actifs toxiques, cantonnés dans un portefeuille spécial baptisé GAPC (gestion active des portefeuille cantonnée), s'élèvent à 29,7 milliards d'euros contre 33,7 milliards d'euros à fin mars.

Natixis a expliqué que la garantie apportée par BPCE avait "pour conséquence une baisse d'environ 16 milliards d'euros d'encours pondérés, tout en conservant une partie du potentiel d'appréciation du portefeuille".

PERTE DE 757 MILLIONS D'EUROS POUR BPCE

Née fin juillet de la fusion des organes centraux des Banques populaires et des Caisses d'épargne, la banque BPCE a de son côté rapporté une perte nette de 757 millions d'euros au premier semestre 2009.

L'arrivée de François Pérol, l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, à la tête des deux banques mutualistes en mars dernier a entraîne une réorganisation en profondeur de Natixis.

Après l'éviction de Dominique Ferrero, la direction générale de la banque a été confiée début mai à Laurent Mignon. Une revue stratégique de l'ensemble des activités de Natixis a aussi été lancée alors qu'un premier recentrage de sa banque de financement et d'investissement sur des activités moins risquées avait été initié dès 2008.

Suite aux informations des Echos évoquant une garantie des actifs risqués par BPCE, Natixis a avancé mardi de 24 heures la publication de ses résultats trimestriels, initialement prévue jeudi avant-Bourse, et demandé la cotation de son action à la Bourse de Paris.

L'action Natixis avait été l'objet d'une flambée spéculative au milieu de l'été, sur fond de rumeurs de retrait de la cote, de transfert des actifs toxiques et d'annonces imminentes d'une nouvelle stratégie.

Dans un avis financier de l'Autorité des marchés financiers, le groupe BPCE avait démenti tout projet de retrait de la cote de l'action Natixis qui, malgré un net bond depuis le début de l'année, reste loin des 19,55 euros, son prix au moment de l'introduction en Bourse de la banque fin 2006.

Matthieu Protard, édité par Jean-Michel Bélot