Tokyo (awp/afp) - Le Japon a vu en janvier son déficit commercial s'accentuer comparé à celui d'un an plus tôt. Les exportations ont baissé, en particulier vers la Chine, avec le ralentissement de l'économie mondiale et les tensions commerciales.

Le solde des échanges de marchandises s'est établi à 1415,2 milliards de yens (-12,7 milliards de francs suisses), contre un déficit de 948,3 milliards en janvier 2018, soit une détérioration de 49%, selon des statistiques publiées mercredi par le ministère des Finances.

Les exportations ont reculé pour le deuxième mois d'affilée, de 8,4%, à 5574,2 milliards de yens, après une baisse de 3,8% en janvier. Elles ont chuté de 13,1% vers l'Asie, et de 17,4% vers la Chine. Il s'agit du repli le plus prononcé depuis janvier 2016, a précisé un porte-parole du ministère.

Ces données "reflètent le ralentissement de la conjoncture chinoise", a commenté pour l'AFP Takeshi Minami, économiste de l'institut de recherche Norinchukin. "Les exportations de produits tels que les machines pour la fabrication de puces électroniques, sans lien avec les célébrations du Nouvel an chinois, ont reculé, montrant que les investissements des entreprises chinoises se réduisent", a-t-il détaillé.

Tensions sino-américaines

Le Japon expédie vers la deuxième économie mondiale, un de ses grands partenaires, des composants électroniques et équipements industriels dont les quantités dépendent de l'activité des fabricants chinois, directement heurtés par les tensions avec Washington.

Les expéditions de marchandises nippones se sont aussi contractées en janvier en direction de l'Europe, de l'Océanie et de l'Amérique du Sud. Mais elles ont augmenté vers les Etats-Unis, faisant passer le surplus commercial à 367,4 milliards de yens (+5%).

C'est un sujet de discorde avec Donald Trump, qui veut rééquilibrer les échanges entre les deux pays. Selon le quotidien économique Nikkei, les discussions bilatérales, qui ont été retardées par la priorité donnée aux négociations avec Pékin, pourraient se dérouler en avril-mai, avant une visite officielle à Tokyo du président américain. Au coeur des pourparlers: l'automobile et l'agriculture.

L'archipel, qui avait accusé en 2018 son premier déficit commercial annuel en trois ans, a cette fois bénéficié du recul des prix du pétrole en janvier. Il a contribué à faire fléchir les importations globales de 0,6% à 6989,4 milliards de yens.

Signaux mitigés

Pour les mois à venir, "les signaux sont mitigés: du côté des importations, les cours du pétrole plus bas vont réduire la facture énergétique, tandis que du côté des exportations, l'issue des discussions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis sera la clé", a commenté un analyste de Bloomberg Economics, Yuki Masujima.

Le commerce extérieur avait déjà commencé à peser sur la croissance japonaise au dernier trimestre 2018. Le produit intérieur brut (PIB) n'avait rebondi que de 0,3% par rapport au trimestre précédent, d'après des données préliminaires.

Le président américain Trump s'est cependant montré optimiste mardi sur l'avancée des négociations entre Washington et Pékin. Selon lui, l'échéance du 1er mars au-delà de laquelle les Etats-Unis menacent d'infliger des surtaxes n'est pas gravée dans le marbre.

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