Le constructeur automobile, qui a également répété discuter avec son partenaire japonais Nissan d'une structure plus permanente pour l'alliance, a vendu sur les trois premiers mois 908.348 véhicules, soit une baisse de 5,6% imputable à la suspension de l'activité en Iran depuis la sortie courant 2018 des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, ainsi qu'au retournement des ventes en Chine.

Hors Iran, les ventes de Renault auraient baissé de 1,7% au premier trimestre.

Ces effets volumes - conjugués à un déstockage en Europe pour s'ajuster au ralentissement du marché - ont eu un effet négatif de 4,7 points sur l'évolution du chiffre d'affaires, ressorti en baisse de 4,8% à 12,527 milliards d'euros.

Le consensus Infront Data pour Reuters donnait un chiffre d'affaires supérieur, de 12,595 milliards.

Les ventes aux partenaires ont amputé de 3,1 points l'évolution du chiffre d'affaires, reflet de l'arrêt des ventes en Iran et de la crise du diesel sur les ventes de moteurs à Daimler et Nissan, tandis que le mix produit a eu un effet positif de 0,6 point grâce au nouveau Duster et à la forte demande pour la citadine électrique Zoé.

"Le deuxième trimestre sera sur la même ligne que le premier trimestre, mais à partir du second semestre, les comparatifs seront plus favorables", a commenté la directrice financière, Clotilde Delbos, lors d'une conférence avec les analystes.

Renault ne souffrira plus alors de l'effet de base lié aux ventes en Iran. Il compte aussi profiter d'importants lancements, avec l'arrivée en Inde du Triber compact sept places le mois prochain, suivi cet été de la cinquième génération de la Clio.

L'ALLIANCE PLUS QUE JAMAIS NÉCESSAIRE FACE AUX TURBULENCES

Le groupe vise toujours une hausse de son chiffre d'affaires à taux de change et périmètre constants en 2019, une marge opérationnelle du groupe de l'ordre de 6% et un free cash slow opérationnel de l'automobile positif.

Et ce même si le marché automobile mondial s'annonce encore plus difficile que prévu, avec une prévision abaissée à -1,6% alors que Renault l'attendait jusqu'ici stable. Cette dégradation est imputable à la Chine et aux Etats-Unis, deux marchés où le groupe au losange est encore peu présent, voire pas du tout.

Le titre Renault gagnait 2,96% à 61,32 euros vers 13h30, contre une hausse de 0,85% pour le compartiment automobile de l'indice européen Stoxx 600.

"Le trimestre est en ligne et Renault a maintenu ses prévisions mais nous pensons que l'objectif de chiffre d'affaires sera ardu car la faiblesse des marchés hors d'Europe va se poursuivre au second semestre", commente EvercoreISI dans une note. "Surtout, nous continuons à insister sur la nécessité d'un rééquilibrage de la relation entre Nissan et Renault."

L'action du groupe est à cet égard également soutenue par les informations du journal japonais Nikkei, selon lesquelles Renault a proposé à Nissan d'établir ensemble une compagnie holding.

De son côté, le Financial Times écrit vendredi que Nissan et le gouvernement japonais ont refusé d'engager des discussions en vue d'une fusion avec le constructeur français.

Un porte-parole de Renault s'est refusé à commenter ces informations de presse.

Le nouveau président de Renault, Jean-Dominique Senard, a pour priorité de renouer les fils du dialogue entre les deux partenaires et de réfléchir à l'évolution future de leur alliance.

"Ce que nous voulons, c'est que l'alliance soit irréversible. C'est ce que nous poursuivons collectivement avec Nissan", a répondu Clotilde Delbos à une question d'analyste sur le sujet.

Pour elle, le partenariat est plus que jamais nécessaire dans le contexte actuel de turbulences lié aux marchés et aux ruptures technologiques.

"La décision a été prise d'envisager l'alliance sur une base projet par projet, plutôt que sur une base fonction par fonction, comme c'était le cas auparavant", a-t-elle ajouté, avec pour objectif d'améliorer la vitesse de décision et de prendre ces décisions sur la base du consensus.

(Edité par Benoît Van Overstraeten)

par Gilles Guillaume et Laurence Frost