Les titres des groupes de télécommunications français dévissaient lundi à la Bourse de Paris, après l'échec des négociations entre Orange (>> ORANGE SA) et Bouygues (>> BOUYGUES) sur un rachat de la filiale de téléphonie du conglomérat, Bouygues Telecom, par l'opérateur historique.

Cet échec porte un sérieux coup aux efforts des principaux opérateurs de télécommunications pour consolider un secteur qui a vu sa rentabilité s'éroder en raison de la guerre des prix. Un rapprochement Orange-Bouygues Telecom aurait été créateur de valeur pour l'ensemble des acteurs du marché, y compris Numericable-SFR (>> Numericable Group) et Iliad (>> ILIAD).

Vers 12h00, Bouygues chutait de 15,2% à 29,80 euros, Numericable-SFR lâchait 15,7% à 30,75 euros, Iliad abandonnait 14,4% à 191,60 euros et Orange cédait 4,1% à 14,77 euros.

Les discussions entre Orange et Bouygues étaient les dernières d'une longue série de tentatives de rapprochement ces deux dernières années entre les différents opérateurs. Mais elles étaient aussi les plus avancées, ce qui avaient soulevé de nombreux espoirs chez les investisseurs.

"Le marché avait intégré en partie une consolidation", ont souligné lundi les analystes de Kepler Cheuvreux, qui s'inquiètent maintenant pour la suite : "Le marché français des télécoms est mature et sans croissance".

De nombreux points d'achoppement

Orange et Bouygues travaillaient sur un accord valorisant Bouygues Telecom à 10 milliards d'euros, en contrepartie d'un versement en numéraire et d'une prise de participation de Bouygues au capital d'Orange.

Bouygues a indiqué avoir décidé de mettre fin aux discussions avec Orange, faute d'accord sur les principaux points des négociations, dont le niveau de la participation souhaitée par Bouygues au capital d'Orange et la valeur retenue pour Bouygues Telecom.

Bouygues souhaitait obtenir une participation comprise entre 10% et 15% au capital d'Orange, ce qui était susceptible d'affaiblir la position de l'Etat dans le capital du premier opérateur mobile français.

"L'Agence des participations de l'Etat (APE) nous a exposé ses exigences ... que j'ai trouvées très étranges. La vision de l'APE nous réduisait à un rôle d'actionnaire minoritaire, avec très peu de droits, tout en nous demander de payer le prix d'une participation majoritaire. Cela dit, ce n'est pas cela qui a bloqué in fine les opérations", a expliqué le PDG de Bouygues, Martin Bouygues, dans un entretien au Figaro.

Les discussions se sont aussi heurtées à la question de la répartition des actifs de Bouygues Telecom entre les trois autres opérateurs de télécommunications, Orange, Numericable-SFR et Iliad. "Négocier à deux est déjà très difficile, négocier à quatre est beaucoup, beaucoup plus difficile", a déclaré Martin Bouygues au Figaro.

Les investissements en question

L'échec des discussions entre Orange et Bouygues a pour effet de maintenir à quatre le nombre d'opérateurs télécoms en France. Les dirigeants des groupes de télécoms français considèrent une consolidation du secteur comme nécessaire pour qu'ils puissent investir davantage dans les réseaux et concurrencer les opérateurs étrangers.

"Cette structure de marché [avec quatre opérateurs, ndlr] implique une moindre capacité des opérateurs à investir dans le mobile et dans le fixe. Les consommateurs vont y perdre, car le marché français va prendre du retard", a expliqué Martin Bouygues au Figaro.

Mais pour les associations de défense du consommateur et les autorités de la concurrence, le principal argument en faveur d'une consolidation reste le désir pour les opérateurs d'augmenter leurs prix, qui figurent parmi les plus bas en Europe.

-Blandine Hénault et Sam Schechner, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com ed : LBO

Valeurs citées dans l'article : ORANGE SA, Numericable Group, ILIAD, BOUYGUES