(Actualisé avec commentaire, notations des autres agences)

SAO PAULO, 28 juillet (Reuters) - Standard & Poor's a annoncé mardi que la note de crédit du Brésil risquait de passer en catégorie spéculative dans les 12 à 18 mois si le résultat d'un certain nombre d'enquêtes pour corruption continuent à entraver la croissance économique du pays et la mise en place de mesures d'austérité.

L'agence de notation a confirmé la note "BBB-" du Brésil, dernière note en catégorie dite d'investissement, mais a abaissé la perspective qui y est associée, de "stable" à "négative", ce qui veut dire qu'une révision en baisse de sa notation de la dette souveraine du pays est possible dans les 12 a 18 mois.

Cette décision a provoqué une chute du real, de 2% à un point bas de 3,43 pour un dollar, son plus bas en 12 ans.

"C'est le résultat d'années de mauvaises politiques budgétaires. Le Brésil en paie finalement le prix", dit Will Landers, gérant de portefeuille chez BlackRock. "Nous allons voir comment le gouvernement va réagir à cette décision."

La devise brésilienne a ensuit limité ses pertes après que l'agence a ajouté qu'elle s'attendait à ce que le pays améliore sa situation budgétaire et évite ainsi une révision en baisse.

"Nous croyons à une situation budgétaire encore plus faible (en 2016) mais nous croyons aussi qu'elle va s'améliorer et que le Brésil évitera un abaissement de sa note de crédit", a dit l'analyste de S&P Lisa Schineller, évoquant l'exemple de l'Inde.

L'Inde, également notée "BBB-" par S&P, a échappé à une révision en baisse de sa dette en catégorie spéculative l'an dernier grâce à l'annonce par le Premier ministre Narenda Modi d'un programme de réformes de grande ampleur.

Il s'agit d'un sérieux revers pour le ministre brésilien des Finances Joaquim Levy, qui cherche à gagner la confiance des investisseurs vis-à-vis de la première économie d'Amérique latine, qui traverse une phase de profonde récession.

Sa stratégie de baisse des dépenses et d'alourdissement de la fiscalité pour limiter le déficit de l'Etat qui s'est envolé pendant le premier mandat de la présidente Dilma Rousseff, peine à porter ses fruits et le gouvernement à dû revoir en forte baisse son objectif de réduction des dépenses pour 2015 et 2016.

Les recettes de l'Etat ont chuté depuis le début de l'année. L'économie devrait se contracter cette année et peut-être en 2016, alors que l'inflation est supérieure aux objectifs fixés, obligeant la banque centrale à relever les taux d'intérêt.

Un énorme scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière Petrobras affecte aussi le sentiment des investisseurs, ainsi qu'une crise politique qui a donné lieu à des appels à la destitution de Dilma Rousseff.

S&P a précisé dans un communiqué qu'elle estimait que les risques économiques et politiques associés à la mise en place du plan d'austérité de Joaquim Levy avaient augmenté.

"Nous pensons qu'il y a plus d'une chance sur trois que le changement de politique soit confronté à de nouveaux dérapages (...) et que le retour à une trajectoire de croissance prendra plus longtemps que prévu", écrit l'analyste de l'agence de notation, Lisa Schineller, dans le communiqué.

Même si certains responsables du gouvernement craignaient un abaissement des notes de crédit du Brésil, ils étaient peu à s'attendre à ce que S&P revoit sa position aussi rapidement.

"Cela a été une surprise pour l'équipe", a dit un responsable du ministère brésilien des Financement.

Joaquim Levy lui-même a dit qu'il considérait l'avertissement de S&P comme une incitation pour le Congrès à accélérer l'approbation des mesures d'austérité, selon une source au gouvernement qui a entendu les remarques du ministre.

S&P est la première des trois grandes agences de notation à menacer de ramener la dette du Brésil en catégorie spéculative.

Pour le communiqué de S&P en anglais: http://bit.ly/1D64qMG

(Walter Brandimarte, Juliette Rouillon pour le service français)