Paris (awp/afp) - Le conseil d'administration de Renault devrait décider mercredi de supprimer une rémunération en actions de près de 6 millions d'euros prévue en 2019 pour son ancien PDG Carlos Ghosn au titre de l'année 2015, selon des sources interrogées par l'AFP.

De 2015 à 2017, Renault attribuait chaque année 100.000 actions de l'entreprise à M. Ghosn, qu'il pouvait percevoir quatre ans plus tard, avec toutefois une condition de présence dans l'entreprise et une condition de performance en tant que dirigeant.

Incarcéré au Japon depuis novembre pour des malversations et abus de bien sociaux présumés, le dirigeant âgé de 64 ans, a démissionné fin janvier de ses fonctions de PDG chez Renault. Il reste encore simple membre du conseil d'administration de l'entreprise, fonction qu'il devrait également perdre lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires prévue au printemps.

Deux sources proches du dossier ont indiqué à l'AFP que le conseil d'administration, réuni ce mercredi à la veille de la publication des résultats annuels, allait très probablement refuser à M. Ghosn les 100.000 actions au titre de 2015, soit environ 5,7 millions d'euros au cours actuel, estimant que la condition de présence dans l'entreprise n'était plus remplie.

Par ailleurs, les représentants des actionnaires devraient aussi renoncer à activer la clause de non concurrence prévue en cas de départ du dirigeant. Cette clause, qui interdirait à M. Ghosn de travailler pour un concurrent pendant une période de deux ans, représente environ 4 millions d'euros, selon des estimations du cabinet de conseil aux investisseurs Proxinvest.

C'est donc au total, une rémunération potentielle de 9,7 millions d'euros qui échapperait à Carlos Ghosn.

L'Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15% du capital et 22% des droits de vote, aurait notamment exprimé un message de fermeté. La ligne serait de verser à l'ancien dirigeant le minimum de ce à quoi il peut prétendre légalement.

L'ancien PDG, qui aura 65 ans en mars, pourrait par ailleurs faire valoir ses droits à la retraite. D'après Proxinvest, il pourrait toucher au moins 765.000 euros par an.

Carlos Ghosn, détenu dans une prison de Tokyo, probablement encore pour plusieurs mois, a toujours clamé son innocence, se disant victime d'un complot des dirigeants de Nissan, partenaire japonais de Renault, dont il présidait le conseil d'administration. Il a annoncé mercredi avoir changé son équipe de défense.

afp/al