(Actualisé avec communiqué Sanofi sur l'arrêt de la production)

PARIS, 9 juillet (Reuters) - Sanofi a annoncé lundi soir l'arrêt de la production de son usine de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), où des rejets toxiques de vapeur de solvants supérieurs aux concentrations autorisées ont été enregistrés.

"Sanofi Chimie décide d'engager dès aujourd'hui l'arrêt de la production de son site de Mourenx, et d’opérer les améliorations techniques annoncées et indispensables à un retour à la normale", a dit le groupe pharmaceutique dans un communiqué.

"Par ailleurs, Sanofi Chimie a diligenté une enquête pour mieux comprendre les causes et l’historique de la situation", a-t-il ajouté.

Sanofi avait reconnu plus tôt dans la journée que les rejets toxiques - principalement du bromopropane - s'étaient "révélés supérieurs aux concentrations autorisées par l’arrêté préfectoral d’exploitation applicable au site."

Il avait ajouté qu'un plan d’actions avait été engagé avec une unité de collecte et de traitement des rejets afin de les réduire "significativement".

"Cette unité est en cours de démarrage", avait-il indiqué.

Un porte-parole de Sanofi avait aussi précisé que le site de Mourenx serait fermé d'ici à la fin de la semaine et jusqu'à la mi-août pour des travaux de maintenance approfondie.

Le groupe a assuré que, selon une étude d’impact sanitaire demandée à un organisme indépendant et dont le nom n'a pas été rendu public, "les populations ne sont pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation française".

Le groupe a été accusé par l'association France Nature Environnement (FNE) de rejeter "des matières dangereuses à des taux astronomiques" dans son usine de Mourenx qui fabrique la Dépakine, un médicament anti-épileptique.

Selon Mediapart et franceinfo, l'usine a rejeté en avril dernier jusqu'à 190.000 fois la norme autorisée de bromopropane, une substance inodore mais classée comme cancérigène mutagène et avec des effets susceptibles d'altérer la fécondité.

La Dépakine est déjà dans le viseur des autorités de santé.

L'Assurance maladie et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ont annoncé le 12 juin l'interdiction de ce médicament à l'origine de milliers de malformations congénitales, pendant la grossesse et par les femmes en âge de procréer, sauf circonstances exceptionnelles.

L'ANSM, qui s'appuie sur une décision de la Commission européenne du mois de février, a précisé que cette nouvelle restriction du valproate - vendu par Sanofi sous la marque Dépakine contre l'épilepsie et Dépakote et Dépamide contre les troubles bipolaires - entrerait en vigueur à partir de fin juin. (Pascale Denis, avec Matthias Blamont et Gilles Guillaume, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)