Rome (awp/afp) - Telecom Italia (Tim) a annoncé mardi la révocation immédiate de l'administrateur délégué du groupe, Amos Genish, quatre jours après la publication d'une perte sévère au troisième trimestre et sur fond de divergences entre actionnaires sur la stratégie.

Le conseil d'administration "a révoqué à la majorité et avec effet immédiat tous les pouvoirs conférés" à Amos Genish, a annoncé Tim dans un communiqué, sans justifier sa décision. Une autre réunion est prévue dimanche pour désigner un nouvel administrateur délégué.

Cette décision intervient quelques jours après l'annonce d'une perte de quelque 1,4 milliard d'euros pour l'héritier de l'opérateur historique, contre un bénéfice de 437 millions un an plus tôt, en raison de dévaluations d'actifs.

De nationalité israélienne, Amos Genish, 58 ans, était arrivé en septembre 2017 à la tête de Tim. Venu de Vivendi après avoir dirigé Telefonica Brasil, il était alors présenté comme "l'homme de confiance" de Vincent Bolloré, le patron du groupe français, principal actionnaire de Tim.

Or des tensions sont apparues entre Vivendi et le fonds activiste américain Elliott, qui a réussi à remporter 10 des 15 sièges au conseil d'administration lors d'un vote en mai gagné d'une courte tête. Sans surprise, 10 des 15 conseillers d'administration ont voté en faveur du départ de M. Genish, selon les agences italiennes RadioCor et AGI.

"Telecom, grandes manoeuvres autour de l'administrateur délégué", titrait mardi le quotidien des milieux des affaires Il Sole 24 Ore.

divergences sur la stratégie

Contre-performance opérationnelle, problèmes de gouvernance : Amos Genish paye également son opposition au projet de séparer le réseau de Tim du reste de ses activités.

"Tim est favorable à la création en Italie d'un réseau unique afin d'éviter de doublonner des investissements dans les infrastructures", avait déclaré M. Genish dans un communiqué lundi. A une condition cependant: que Telecom Italia contrôle le réseau en Italie, "comme c'est le cas dans tous les autres pays", avait-il ajouté.

Or, selon des médias, Elliott serait au contraire favorable à cette disjonction car cela valoriserait davantage le groupe dans son ensemble.

Mardi vers 09H30 GMT, le titre perdait 1,89% à 0,5204 euro, dans un marché en baisse de 0,18%.

Sur les neuf premiers mois de 2018, la perte nette de l'opérateur italien a atteint 868 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,03 milliard en 2017.

Les dévaluations réalisées, d'un montant de 2 milliards d'euros, sont dues "à la détérioration du cadre compétitif et de la régulation, et à des taux d'intérêts plus élevés", a expliqué Tim, en précisant qu'elles ne modifiaient "pas les priorités stratégiques du plan triennal".

Le groupe n'a toutefois pas pu confirmer son objectif pour 2018.

Ses comptes seront aussi plombés dans les prochains mois par les 2,4 milliards d'euros qu'il devra débourser pour les fréquences 5G, bien plus que ce qui avait été prévu initialement.

Pour Vivendi, la faute en est à la défaillance de la gouvernance, dont le fonds Elliott est selon lui responsable.

afp/buc