Zurich (awp) - L'action UBS prenait l'eau vendredi à la Bourse suisse. Alors que la justice française réclame au numéro un helvétique une amende de 3,7 milliards d'euros pour avoir démarché des clients dans l'Hexagone et aidé des contribuables à se soustraire au fisc, son homologue étasunienne (DoJ) a annoncé dans la nuit avoir engagé des poursuites contre la banque pour la vente supposément frauduleuse de titres adossés à des créances hypothécaires (RMBS) il y a une dizaine d'années.

A 10h30, la nominative UBS s'enfonçait de 3,4% à 14,02 francs suisses, alors que son indice de référence (SMI) reculait de 0,39%. La veille, le titre avait terminé en hausse, malgré la probabilité annoncée d'une poursuite aux Etats-Unis.

Morgan Stanley estime que les prétentions du DoJ pourraient atteindre 2 milliards de dollars. Jusqu'ici, la banque américaine tablait sur un accord avant la fin de l'année. Désormais, il faut s'attendre à ce que le combat judiciaire se prolonge jusqu'en 2019, voire en 2020, prévient l'analyste en charge de la couverture du titre.

Avec une stratégie similaire, Barclays était parvenue à un accord à 2 milliards de dollars, après des prétentions initiales estimées à 5 milliards. A l'époque, le processus avait duré plus d'une année, de décembre 2016 à mars 2018.

Selon l'experte de Morgan Stanley, le résultat pourrait donc être plus favorable qu'en cas d'accord immédiat. Mais l'incertitude risque durablement de peser sur le cours de l'action, et les futurs rachats de titres risquent d'être remis en question, dans la mesure où l'un des préalables est la conclusion d'un accord avec le DoJ ou la justice française.

La résurgence de l'affaire des RMBS n'arrange pas la situation judiciaire d'UBS, déjà aux prises avec les autorités hexagonales, relève Kepler. Son analyste devise le coût des amendes à un total de 5,3 milliards de francs suisses, et estime que 1,8 milliard ont été provisionnés à cet effet.

Ce décalage est de nature à entraver le programme de rachat d'actions en cours, pouvait-on lire dans le commentaire. La meilleure stratégie pour UBS pourrait être selon l'expert de jouer la montre, même si l'image de la banque en sortirait une nouvelle fois écornée.

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