Paris (awp/afp) - Le fabricant de tubes Vallourec a annoncé lundi la suppression de 900 postes en Amérique du Nord, pour faire face à la "chute importante et brutale d'activité" liée au plongeon des cours du brut sur fond d'épidémie de Covid-19.

Le nouveau président du directoire Edouard Guinotte a toutefois souligné que Vallourec était aujourd'hui un groupe "beaucoup plus agile et beaucoup plus compétitif" que lors du précédent bas de cycle pétrolier en 2015, lors de l'assemblée générale du groupe qui s'est tenue à huis clos.

La chute des prix du pétrole est liée au fait que les producteurs de pétrole n'ont pas réussi à "se mettre d'accord sur un niveau de production permettant de maintenir les prix", a observé M. Guinotte.

Ce premier facteur se combine avec la pandémie de Covid-19 qui "génère une destruction complète du panorama économique, qui se traduit très concrètement par une chute supplémentaire de la demande de pétrole et de gaz et qui elle-même alimente la dégradation du prix du baril", a-t-il poursuivi.

Pour le président du directoire, qui a pris ses fonctions le 15 mars, "il est impossible à ce stade de quantifier de manière très précise l'effet et les impacts sur (les) activités du groupe pour l'ensemble de l'année 2020, en particulier en Amérique du Nord".

Le groupe avait déjà suspendu les objectifs qu'il avait annoncés mi-février.

Réduction des effectifs

Les compagnies pétrolières indépendantes, qui exploitent aux Etats-Unis du pétrole et du gaz de schiste et sont clientes du groupe, ont annoncé des baisses de leurs budgets d'investissements "très rapides et très violentes", jusqu'à 50%, voire plus, a expliqué M. Guinotte.

Vallourec a donc décidé un plan de réduction de ses effectifs "de plus d'un tiers" en Amérique du Nord. "Nous serons amenés à supprimer au cours des prochaines semaines plus de 900 postes, en incluant les sous-traitants", a déclaré Edouard Guinotte.

Vallourec emploie près de 19.000 personnes dans plus de 20 pays.

Le groupe s'attend aussi à une réduction de l'activité d'exploration et production des grandes compagnies pétrolières et des compagnies nationales dans les autres régions où il opère.

Dans ces géographies (Europe, Moyen-Orient, Asie, Brésil), il va adapter sa production "à la charge qui pourrait être amenée à baisser" tout en assurant un niveau à même de garantir les commandes prévues.

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, "partout dans le monde, nos usines fonctionnent", y compris en Chine et en France, en conformité avec les exigences sanitaires, a précisé le président du directoire.

Le groupe a également annoncé un nouveau plan d'économies de 200 millions d'euros supplémentaires sur les années 2021 et 2022, s'ajoutant au programme de 200 millions en cours sur 2019-2020.

"fondamentaux favorables"

En dépit ce contexte difficile, le nouveau patron de Vallourec, dont c'était la première apparition publique dans ses nouvelles fonctions, a mis en avant les perspectives offertes par "des fondamentaux de marché favorables (...) certes pas en 2020, mais à plus long terme".

La demande de pétrole et de gaz devrait continuer à progresser de 1% en moyenne par an d'ici 2030, a-t-il estimé, et la diminution de la ressource devrait amener les compagnies à continuer à investir.

La transition énergétique ouvre aussi des opportunités pour le groupe, notamment dans la réduction du CO2 et l'hydrogène.

Le parcours mené depuis 2016 avec un vaste plan de relance et de restructuration se traduit par "un groupe complètement rééquilibré et bien plus compétitif", a assuré M. Guinotte.

Le Brésil et la Chine pèsent désormais respectivement 30% et 20% du chiffre d'affaires.

En 2019, Vallourec a doublé son excédent brut d'exploitation (Ebitda) à 347 millions d'euros, alors que la perte nette a été réduite à 338 millions d'euros.

Le directeur financier et membre du directoire Olivier Mallet a indiqué de son côté que le projet d'augmentation de capital de 800 millions d'euros, pour désendetter le groupe, était différée, compte tenu des conditions de marché actuelles.

L'assemblée générale a approuvé un regroupement d'actions à raison d'une action nouvelle pour 40 actions anciennes. Les rémunérations 2019 et 2020 des dirigeants ont aussi été entérinées.

afp/rp