Paris (awp/afp) - Le géant des médias Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, est désormais le premier actionnaire de Lagardère et souhaite entrer au conseil de surveillance, face au milliardaire Bernard Arnault qui s'est installé dans la holding du groupe.

Le titre du groupe évoluait négativement mercredi à 14H45 à 13,72 euros, en recul de 0,58%, dans un marché en hausse de 2,4%.

Selon une déclaration à l'Autorité des marchés financiers (AMF), Vivendi détient désormais 21% du capital et 16% des droits de vote du groupe Lagardère et en devient le premier actionnaire devant le fonds activiste Amber Capital (18% des parts) et le fonds souverain du Qatar (13%), qui reste le plus influent avec 20% des droits de vote.

En outre, Vivendi, qui bénéficie d'une importante trésorerie à la suite de la vente d'une participation minoritaire dans sa pépite Universal Music Group, "a l'intention de poursuivre ses achats sous réserve des conditions de marché", selon ses déclarations à l'AMF.

Le groupe envisage également "de demander sa nomination ou celle d'une ou de plusieurs personnes comme membre du conseil de surveillance", en raison du "caractère incertain des changements annoncés le 25 mai dernier dans l'organisation du contrôle opérationnel de Lagardère SCA."

A cette date, la société holding de Bernard Arnault, actionnaire majoritaire du groupe de luxe LVMH, avait annoncé avoir pris "environ un quart" du capital de la holding familiale d'Arnaud Lagardère, Lagardère Capital & Management (LC&M), qui détient sa participation dans le groupe.

"Action de concert"

Ce soutien financier, d'environ 80 millions d'euros selon une source proche du dossier, et l'"action de concert" entre Bernard Arnault et Arnaud Lagardère avaient surpris M. Bolloré, prévenu au dernier moment, alors que Vivendi était arrivé en avril au capital de Lagardère pour soutenir son gérant-commandité lors de la dernière assemblée générale le 5 mai.

Le statut atypique du groupe Lagardère en commandite par actions permet à Arnaud Lagardère (associé-commandité) de conserver le contrôle avec seulement quelque 7% des parts. En contrepartie, il est responsable indéfiniment des dettes de l'entreprise sur ses biens propres.

Mais endetté et contesté, M. Lagardère avait dû lutter et obtenir le soutien du Qatar, de Vivendi et du financier Marc Ladreit de Lacharrière (holding Fimalac) pour faire échouer le projet d'Amber visant à remplacer la quasi-totalité du conseil de surveillance, seul organe pouvant s'opposer au gérant.

Depuis, l'avenir du groupe fondé par Jean-Luc Lagardère, le père d'Arnaud, et recentré sur l'édition (Hachette), la distribution (magasins dans les gares et aéroports) et qui reste la maison mère des médias Paris Match, Journal du Dimanche et Europe 1, est lié au fragile équilibre entre ces différents poids lourds du monde des affaires.

Son conseil de surveillance a également accueilli en début d'année deux personnalités influentes: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, réputé proche du Qatar et de Vincent Bolloré, et l'ex-patron de la SNCF Guillaume Pepy.

Contacté mercredi par l'AFP, Amber et le groupe Lagardère n'ont pas fait de commentaires.

afp/rp