Actualise avec chiffres de la SBA et de Bank of America (11e et 12e paragraphes) et réactions de JPMorgan et Wells Fargo (14e et 15e paragraphes).

NEW YORK (awp/afp) - Contraint de licencier la quasi-totalité de ses salariés en raison de la crise du coronavirus, Brad Ruoho, propriétaire de Legacy Toys, pense pouvoir les réembaucher si les 350 milliards de dollars promis aux PME par le gouvernement américain sont aussi efficaces qu'espéré.

L'adoption de ces mesures "nous a permis de nous sentir plus confiants pour solliciter de l'aide supplémentaire", affirme le patron de ce fabricant de jouets, qui a déjà rappelé 10 de ses 75 employés.

Les motifs d'inquiétudes restaient pourtant nombreux vendredi, jour du lancement officiel du programme de soutien, entre la forte hausse du chômage aux Etats-Unis, les interrogations sur la rapidité des banques à débloquer de l'argent et les détails pratiques pour souscrire un prêt.

L'administration Trump a assuré que l'aide coulerait à flots immédiatement pour les PME.

Mais Jim Friedlander, président de la société Arrangements Abroad, explique que ses banques tâtonnent concernant les modalités.

"C'est tout à l'honneur du gouvernement d'essayer d'agir rapidement et massivement tout en tâchant d'empêcher les fraudes", reconnaît M. Friedlander, dont l'entreprise organise des voyages à l'étranger pour les universités et les musées. "Mais il serait utile d'avoir des informations claires pour ne pas avoir de faux espoirs en pensant que l'argent va arriver tout de suite".

Des milliers de demandes

L'élément central des nouvelles mesures est un programme de 349 milliards de dollars en faveur des PME qui gardent leurs employés ou réembauchent ceux qui ont été licenciés d'ici au 30 juin. Les prêts sont octroyés par les banques mais l'Etat fédéral les garantit et annule la dette si l'entreprise bénéficiaire joue le jeu.

Ces fonds sont censés payer la masse salariale ou le loyer pendant huit semaines pour permettre à des restaurants, des salons de coiffure et d'autres commerces de conserver leurs effectifs malgré leur fermeture.

Ces mesures sont l'un des volets essentiels du plan de relance de 2.200 milliards de dollars, qui a bénéficié d'un soutien bipartisan au Congrès avant d'être ratifié par Donald Trump vendredi dernier.

Si plusieurs observateurs ont salué les bonnes intentions de ce programme, beaucoup se montrent sceptiques sur la capacité du gouvernement à le mettre en place rapidement et se demandent si la Small Business Administration (SBA), l'agence gouvernementale garantissant les prêts, et les banques américaines ont suffisamment de latitude étant donné l'ampleur des besoins.

Vers 19H00 GMT, l'administratrice de la SBA indiquait sur Twitter que les montants des prêts accordés s'élevaient à plus de 2 milliards de dollars.

Pour sa part, Bank of America faisait état de 60.000 demandes à 18H00 GMT.

Jeudi soir, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait assuré que tout "sera prêt à démarrer demain" sans apporter davantage de précisions.

JPMorganChase, la plus grande banque des Etats-Unis, avait pourtant indiqué sur son site qu'elle "ne sera(it) probablement pas en mesure de commencer à accepter les demandes vendredi 3 avril".

Vendredi, la banque a mis à jour son site, affirmant qu'elle avait commencé à récupérer les informations de ses clients. Wells Fargo a pour sa part dit "travailler aussi vite que possible pour être prête."

De leur côté, les PME tentent de s'adapter à la nouvelle réalité économique.

Legacy Toys a ainsi décidé d'investir dans le commerce en ligne. Chaque jour, M. Ruoho et quelques employés traversent des postes de contrôle pour se rendre dans leur magasin, situé dans un centre commercial de Minneapolis, et préparer des colis à faire livrer.

Les équipes new-yorkaises d'Arrangements Abroad essaient, pour leur part, de décaler ou d'annuler des voyages. Elles préparent également le calendrier de 2022, espérant un futur plus rose.

"C'est l'occasion d'avoir les meilleurs hôtels et les meilleurs bateaux aux meilleurs prix", vante M. Friedlander.

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