Londres (awp/afp) - Le marché de l'emploi britannique s'est montré résilient au début de la pandémie de coronavirus avec un taux de chômage quasi stable à 3,9% pour les trois mois achevés fin mars, mais il s'est brutalement détérioré en avril.

Le taux de chômage est supérieur de seulement 0,1% au premier trimestre 2019 et reste proche de son plus bas niveau en 40 ans, note le Bureau national des statistiques (ONS) mardi, mais cette période n'inclut qu'une semaine du confinement déclaré le 23 mars dans le pays pour lutter contre l'épidémie.

En outre, plus de 8 millions de personnes ont été placées en chômage technique pour bénéficier des mesures gouvernementales d'aide à l'emploi depuis le début du confinement a indiqué le ministère des Finances, et ne sont pas comptabilisées comme chômeurs.

"Si le taux de chômage surprend en reculant en mars, il est clair que le marché du travail est frappé durement", remarquent les analystes de Capital Economics.

"Vu la fermeture d'autant d'entreprises (à cause du confinement pour lutter contre l'épidémie) le gouvernement peut compter comme une réussite qu'il n'y ait pas eu plus de pertes d'emplois jusque-là", ajoute Capital Economics.

Le gouvernement de Boris Johnson prend en charge 80% des salaires des employés placés en chômage technique à hauteur de 2.500 livres jusqu'à fin août. Quelque 2 millions de travailleurs indépendants se sont inscrits pour bénéficier d'aides équivalentes.

Sans ces mesures, les économistes estiment à l'unisson que le taux de chômage serait déjà bien plus élevé, d'autant plus que le PIB a déjà chuté de 2% au cours des trois mois achevés fin mars, signalant l'entrée dans une récession historique, et peut-être la pire depuis plusieurs siècles.

Les experts font toutefois valoir que le pire est à venir et anticipé une envolée du taux de chômage pour avril et les mois à venir.

L'ONS souligne que les inscriptions pour toucher le revenu minimal (universal credit) à la suite d'une perte d'emploi ont bondi de 856.000 entre mars et avril, un record, pour atteindre 2,1 millions.

Assèchement

En outre, les futures possibilités d'embauches se tarissent: dans son rapport mardi, l'ONS précise notamment qu'entre février et avril les emplois à pourvoir ont dévissé de 21% comparé aux trois mois précédents, la chute la plus brutale jamais observée depuis que ces statistiques existent, ce qui illustre l'assèchement de la demande de main d'oeuvre.

Ce plongeon des emplois à pouvoir s'est accéléré à partir de la mi-mars jusqu'à début mai (-59%).

L'ONS relève que certains secteurs sont particulièrement frappés, notamment l'hôtellerie, la restauration, ou la construction.

"La pandémie de coronavirus a provoqué un choc majeur sur l'économie", constate l'ONS.

Il rappelle que l'organisme public de prévisions budgétaires OBR "prévoit une chute de 13% du PIB en 2020 et un taux de chômage à 10% d'ici le deuxième trimestre, avant de reculer sous 6% d'ici la fin 2021".

Face à la récession massive qui s'annonce, une étude du Forum économique mondial en partenariat avec Marsh and McLennan et Zurich Insurance avertit que "la détresse économique et les tensions sociales vont augmenter sur les 18 prochains mois à moins que les dirigeants mondiaux les entreprises et les régulateurs travaillent ensemble pour gérer les retombées de la pandémie".

"Les récessions d'une ampleur sans précédent depuis les années 30 demandent plus de mesures pour assurer une reprise" la plus rapide possible, insiste le Forum économique mondial, d'après un communiqué.

afp/al