La catastrophe nucléaire de Fukushima en mars, puis l'accroissement durant l'été des craintes liées à la situation financière des pays occidentaux et ses conséquences sur la croissance mondiale ont eu raison de l'optimisme dont les investisseurs faisaient preuve en début d'année sur l'économie et les actifs risqués.

Dès la fin du mois de juillet, les investisseurs se sont rués vers les valeurs refuges, au premier rang desquels l'or et les emprunts d'Etat américains (Treasuries) et allemands (Bunds), ces deux derniers enregistrant les rentabilités les plus élevées parmi les principales classes d'actifs financiers (+17% et +14% respectivement).

Selon des données compilées par Schroders, la rentabilité annuelle des Treasuries à 10 ans ressort d'ailleurs au niveau d'autres années charnières : 1991, 1989, 1976 et 1970.

"Il y a eu une course vers ce qui semble être le moins mauvais. Avec la persistance des craintes, les investisseurs se sont tournés vers les actifs jugés comme les plus sûrs, comme les Treasuries et les Bunds, même si leur rendement est faible, voire négatif", explique Andréa Tueni, analyste marché chez Saxo Banque.

"L'or a été très recherché comme actif de diversification. Valeur refuge par excellence puisqu'il ne dépend d'aucun pays, l'or a bénéficié d'un important effet psychologique et pourrait continuer à performer en 2012", indique-t-il.

Malgré la croissance de leur marché domestique, les Bourses des pays émergents ont enregistré une baisse pratiquement équivalente à celle des Bourses européennes en raison du ralentissement économique de l'Europe et des Etats-Unis.

"C'est moins la croissance des pays émergents que la dérivé seconde de cette croissance qui compte", souligne Jean-Emmanuel Vernay, associé gérant chez Invest Securities.

"En outre, les niveaux de PE (rapport cours sur bénéfices) sont beaucoup plus élevés dans les marchés émergents que dans les pays occidentaux, et l'on atteint quelquefois des niveaux de valorisation exagérés sur certains marchés", ajoute-t-il.

En Europe, la Bourse de Londres (-5,55%) a mieux résisté que les autres places, épargnée par la crise en zone euro.

Malgré des craintes plus prononcées concernant la situation financière espagnole, la Bourse de Madrid (-13,11%) a réussi à surperformer celle de Francfort (-14,69%) grâce notamment à l'ouverture des groupes espagnols aux marchés d'Amérique latine.

"La Bourse de Francfort a baissé car tous les espoirs de sortie de crise reposent sur l'Allemagne, considérée comme la locomotive de l'Europe et comme l'Etat disposant des moyens les plus crédibles pour sortir la zone euro de la crise", commente Andréa Tueni, rappelant que l'économie allemande, très portée sur le commerce extérieur, a aussi souffert de la morosité mondiale.

A l'heure du bilan, endettement et volatilité sont les deux mots clés qui reviennent le plus dans la bouche des analystes pour résumer l'année 2011.

Dans un tel contexte, les valeurs défensives ont été les plus recherchées, l'indice Stoxx des valeurs pharmaceutiques (+11,84%) signant la meilleure performance sectorielle européenne de l'année devant l'agroalimentaire (+5,39%).

A l'inverse, les bancaires (-32,48%) ont été les principales victimes des inquiétudes du marché, suivies des valeurs cycliques, l'indice sectoriel des ressources de base perdant 30,12% et celui de l'automobile 24,08%.

"Ce schéma pourrait se répéter en 2012, la situation demeurant encore fragile en Europe avec des interrogations persistantes sur le deleveraging des banques ou les mesures de soutien que l'on peut encore apporter", prévient Andréa Tueni.

Edité par Dominique Rodriguez

par Alexandre Boksenbaum-Granier