par Olena Harmash et Angelo Amante

KYIV, 24 février (Reuters) -

Les dirigeants du G7 ont réaffirmé samedi leur soutien à l'Ukraine tandis que plusieurs personnalités politiques européennes ont fait le déplacement à Kyiv, deux ans après le début de l'invasion russe.

"Alors que l'Ukraine entre dans la troisième année de cette guerre implacable, son gouvernement et son peuple peuvent compter sur le soutien du G7 aussi longtemps qu'il le faudra", a déclaré le Groupe des sept dans un communiqué.

Volodimir Zelensky, qui s'est entretenu avec les dirigeants du G7 par visioconférence, a souligné la nécessité de protéger le ciel ukrainien et de renforcer son armée. "Nous comptons sur vous", a-t-il dit lors de l'appel.

Soucieux de dissiper les craintes d'un désintérêt de l'Occident pour le conflit, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni et les Premiers ministres canadien Justin Trudeau et belge Alexander De Croo, sont arrivés tôt samedi à Kyiv.

Ursula von der Leyen s'est elle engagée samedi à poursuivre le soutien de l'Europe jusqu'à ce que l'Ukraine soit "finalement libre".

"Plus que jamais, nous nous tenons fermement aux côtés de l'Ukraine. Financièrement, économiquement, militairement, moralement. Jusqu'à ce que le pays soit libre", a déclaré sur X Ursula von der Leyen, qui est arrivée en Ukraine à bord d'un train de nuit en provenance de Pologne.

"Le message que je souhaite adresser aujourd'hui à tous les Ukrainiens est qu'ils ne sont pas seuls. Je veux que vous sachiez que nous vous sommes profondément reconnaissants", a déclaré Giorgia Meloni lors de la signature d'un pacte de défense de dix ans avec le président ukrainien, Volodimir Zelensky.

Justin Trudeau a signé un accord similaire et s'est engagé à apporter un soutien financier et militaire de quelque 2,25 milliards de dollars cette année.

Ces accords font suite à des promesses similaires signées récemment par la France et l'Allemagne.

"Nous soutiendrons l'Ukraine quoi qu'il en coûte, aussi longtemps qu'il le faudra", a déclaré le Premier ministre canadien.

LES COMBATS SE POURSUIVENT

Des commémorations étaient organisées dans toute l'Ukraine, deux ans exactement après le début du conflit, notamment un hommage aux personnes mortes dans la petite ville de Boutcha, où les forces russes sont accusées d'avoir commis des crimes de guerre contre des civils.

"Je suis réaliste et je comprends que la guerre s'éternisera probablement pendant les trois ou quatre prochaines années. J'espère que la société se mobilisera, j'espère que nous serons en mesure de vaincre la Russie d'une manière ou d'une autre", a déclaré Denis Symonovsky, un habitant de Kyiv.

Volodimir Zelensky a emmené les dirigeants étrangers visiter l'aéroport d'Hostomel, qui a été le théâtre d'une bataille féroce au début de l'invasion, lorsque la Russie a tenté de faire venir des parachutistes pour s'emparer de la capitale, située à quelques kilomètres de là.

"Deux ans auparavant, nous avons fait face à l'ennemi par le feu, aujourd'hui, nous rencontrons nos amis et partenaires ici", a déclaré le président ukrainien lors d'un discours télévisé, des épaves d'avions derrière lui.

Hors de Kyiv, les combats se poursuivent sans relâche.

Le port d'Odessa a été visé par des drones russes pour la deuxième nuit consécutive, frappant un immeuble résidentiel et tuant une personne, a déclaré le gouverneur de la région. À Dnipro, un drone russe a frappé un immeuble d'habitation et fait deux morts.

Par ailleurs, une source à Kyiv a déclaré que des drones ukrainiens avaient provoqué un incendie dans une aciérie russe, identifiée par un responsable russe à Lipetsk, à quelque 400 km de l'Ukraine.

L'AIDE AMÉRICAINE TOUJOURS BLOQUÉE

Il y a deux ans, les Ukrainiens ont, contre toute attente, douché les espoirs du président russe d'une victoire rapide en repoussant l'ennemi et en évitant une défaite dans les jours qui ont suivi le début de l'offensive de grande ampleur lancée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine.

Mais alors que la guerre entre dans sa troisième année, l'aide, notamment militaire, apportée à Kyiv a toutefois ralenti, ce qui a des répercussions sur le champ de bataille où la contre-offensive de l'été menée par l'Ukraine n'a pas donné les résultats escomptés.

Le président américain Joe Biden reste un allié fidèle de l'Ukraine, bien que le projet porté par son administration d'une nouvelle aide militaire de 61 milliards de dollars soit toujours bloqué par l'opposition républicaine au Congrès.

La politique des Etats-Unis à l'égard de l'Ukraine et de la guerre pourrait toutefois changer après l'élection présidentielle américaine.

La Russie, qui dispose d'une population beaucoup plus nombreuse pour reconstituer les rangs de l'armée et d'un budget militaire plus important, pourrait être favorable à une guerre de longue haleine.

La position de l'Ukraine est plus précaire. Des villes et des villages ont été complètement détruits, les troupes sont épuisées et les missiles et les frappes de drones russes pleuvent presque quotidiennement.

Ce mois-ci, la Russie a enregistré sa plus grande victoire en neuf mois, en s'emparant de la ville d'Avdiivka, dans l'est du pays.

Selon une étude récente de la Banque mondiale, la reconstruction de l'économie ukrainienne pourrait coûter près de 500 milliards de dollars. Deux millions de logements ont été endommagés ou détruits, et près de six millions de personnes ont fui l'invasion et se trouvent toujours à l'étranger.

Outre le besoin de fonds et d'armes, Volodimir Zelensky souhaite une législation permettant à l'Ukraine de mobiliser jusqu'à un demi-million de soldats supplémentaires - un objectif qui, selon certains économistes, pourrait paralyser l'économie. (Avec la contribution de Andrew Osborn, Mike Collett-White et Steve Holland, rédigé par Mike Collett-White, Crispian Balmer et Humeyra Pamuk ; version française Camille Raynaud, Zhifan Liu et Kate Entringer)